Violences policières : pour Philippe Engels, auteur du livre Sale flic, “le Comité P n’est pas indépendant”

Alors que les affaires de violences policières sont de plus en plus présentes dans les médias, les condamnations restent rares. Cela dénote-t-il d’un problème dans l’institution? Deux journalistes ont enquêté pendant cinq ans sur la police belge et ont sorti le livre Sale flic. Philippe Engels, auteur du livre était l’invité du 12h30.

Lorsqu’on demande à l’auteur si cela a été difficile d’enquêter, il répond immédiatement que oui. “La loi du silence règne, ce n’est pas facile de trouver des sources qui osent parler. Il y a vraiment une Omerta” confie-t-il. Ainsi, les deux journalistes ont dû varier les méthodes d’investigation. Ils se sont plongés dans les documents d’archives et ont également reconstitué certaines affaires.

Tous les deux francophones, ils ont décidé de se consacrer à Bruxelles, car beaucoup d’affaires s’y sont déroulées, mais Philippe Engels confie que du côté néerlandophone, Anvers connaît le même schéma.

Alors que l’affaire Adil connaît un rebondissement ces derniers temps, Philippe Engels n’est pas surpris car : “Dans cette affaire, trop de choses ont voulu être cachées et là elles sortent.” En effet, cela a même provoqué le renvoi de la procédure à 5 mois, alors que le parquet de Bruxelles allait demander un non-lieu.

En termes de chiffres, il est rare qu’une affaire de violences policières débouche sur un procès et encore moins sur une condamnation. Cependant, pour le journaliste, cela va changer, car : “La police est dépassée par les événements. Le management est inactif, dépassé. Depuis l’affaire Georges Floyd, les victimes osent s’exprimer et la loi du silence est en train de se briser.”

Réformer le Comité P

Le comité P, aussi appelé la police des polices est une institution supposée indépendante pour relater des faits de violences policières. Pour Philippe Engels, celle-ci ne fonctionne pas, car elle est trop politisée. “Tous les membres sont issus du cabinet ministériel, ce n’est donc pas indépendant, cela devrait être imperméable à toute composition politique” explique-t-il. À ce propos, il exprime l’éventualité d’une réforme, avec à la tête du Comité P, de vrais policiers dotés d’un sens éthique au-dessus de la norme.

Philippe Engels, journaliste d’investigation au micro de Vanessa Lhuillier et Fanny Rochez