“C’est un redoutable prédateur”: 12 ans de prison requis pour le viol extrêmement violent d’une étudiante de l’ULB
Le procès du violeur présumé d’une étudiante de l’ULB s’est ouvert ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Une agression d’une violence inouïe, commise en décembre dernier, par un sans-abri de 25 ans qui avait déjà été condamné dans d’autres dossiers. La procureure a requis une peine de 12 ans de prison. La famille de la victime pointe aussi du doigt la responsabilité de l’ULB.
■ Compte-rendu d’audience avec Camille Tang Quynh, Nicolas Scheenaerts et Corinne De Beul.
Avec courage et détermination, la famille de Nouria, 21 ans au moment des faits, était présente à l’audience. Sur le banc des prévenus : Yannick F., un homme de 25 ans, accusé d’avoir menacé, frappé et violé celle qui était alors étudiante en 1ère bachelier bio-ingénieur à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). L’agression, d’une violence inouïe, est décrite par la cour. Elle s’est déroulée sur le campus de la Plaine, le 28 décembre 2022 en soirée. “Un viol d’une extrême gravité, d’une extrême violence, proche du domicile de la victime, par une personne qui l’a attrapée par surprise, qui l’a emmenée dans un coin sombre sur le campus de la Plaine et qui lui a fait vivre l’horreur pendant une vingtaine de minutes,” détaille son avocate.
Le suspect, qui nie le viol, venait de sortir de prison 3 mois auparavant, pour avoir mortellement frappé un sans-abri. Fin septembre 2022, il avait en effet été condamné à une peine de 30 mois de prison pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, à la suite d’une bagarre avec un autre sans domicile fixe sur le chantier de l’hôpital Delta à Auderghem. Il a été libéré sous conditions peu après le prononcé du jugement, alors qu’il avait purgé la moitié de sa peine en détention préventive, et dès octobre il est revenu rôder sur le campus de la Plaine.
Il apparaît que le prévenu “traînait” sur ce campus depuis plusieurs années. L’enquête révèle aussi des faits d’exhibitionnisme, de coups et de vols sur d’autres étudiantes du campus. Il a ainsi harcelé sexuellement une étudiante, l’a menacée et lui a extorqué des biens. En 2021, deux étudiantes ont porté plainte contre lui pour exhibitionnisme.
En outre, il ressort du rapport psychiatrique réalisé pour l’enquête que cet homme est susceptible de récidiver et qu’il représente un danger pour la société.
La famille pointe la responsabilité de l’ULB
Les parents de la jeune femme se sont étonnés, ont-ils déclaré mercredi, de l’inaction de l’ULB, alors qu’en 2021 et en octobre 2022 les victimes ont alerté les services de gardiennage de l’université et la police. Le prévenu avait alors déjà été identifié. Son signalement était connu des services de sécurité, ont-ils relevé. “C’est un redoutable prédateur, c’est un fauve. Il n’en était pas à son coup d’essai puisque depuis 2021, il y a eu en fait cinq victimes. Notre fille Nouria était malheureusement la dernière victime et la pire, mais il y a eu d’autres victimes depuis 2021”, explique le père de la victime. “Nous espérons que la justice va donner une peine exemplaire.”
Ces parents se disent choqués du fait que l’ULB se soit constituée partie civile dans ce dossier, estimant que les autorités universitaires ont fait preuve de négligence en matière de sécurité des étudiants, parlant même d’indifférence à leur égard. “Le soir des faits, les auditoires étaient ouverts jusqu’à 22h00, pour permettre aux étudiants en blocus de réviser. Les caméras n’ont rien repéré alors que l’agression s’est passée sur un endroit de grand passage”, détaille-t-il encore, pointant aussi du doigt la responsabilité de l’ULB. Pour la famille, la sécurité n’était pas assurée. “Les caméras de l’ULB à cet endroit ne fonctionnaient pas, c’est évident, et l’éclairage était pratiquement absent. Elle marchait sur le chemin habituellement emprunté par les étudiants pour accéder au pont Fraiteur lorsqu’elle a été happée par le violeur et trainée sur plusieurs mètres dans l’obscurité la plus totale. Aucun gardien n’a entendu ses hurlements, aucune caméra de surveillance n’a repéré le drame. Le violeur de l’ULB savait très clairement qu’il pouvait agir en toute impunité”.
“Seul un agent de sécurité était présent sur les lieux”, précise encore l’avocate de la victime. “Un autre agent de sécurité était présent, mais dans un bâtiment et il ne pouvait pas sortir de ce bâtiment là. Et on constate aussi que le prévenu a déjà agi à plusieurs reprises au même endroit.”
Le ministère public a requis douze ans de prison et et une mise à disposition du tribunal de l’application des peines (TAP) durant cinq ans. Le jugement sera prononcé le 29 novembre prochain.