Versus : 60 ans après l’indépendance du Congo, le débat sur la décolonisation à Bruxelles reste vif

La République Démocratique du Congo célèbre cette année son soixantième anniversaire. Alors que le débat sur la décolonisation et le retrait des statues rappelant ce passé colonial reste intense en Belgique, et plus particulièrement en Région bruxelloise. La Belgique doit-elle s’excuser pour les erreurs et crimes commis au nom de la colonisation ? Contextualiser ce passé apparaît nécessaire mais que contextualiser et comment ? On en parle dans ce dernier numéro de la saison de Versus.

Autour de Michel Geyer, quatre invités politiques sont en place pour débattre de ces questions : Louis Michel (MR), ancien ministre des Affaires étrangères, Christophe Lacroix (PS), député fédéral, Gladys Kazadi (cdH), députée bruxelloise, et Kalvin Soiresse (Ecolo), député bruxellois.

En Région bruxelloise, on compte plus de 70 références au passé colonial, et certains estiment qu’il est temps de retirer ces statues et autres œuvres de l’espace public, alors que d’autres demandent de les conserver en y ajoutant une contextualisation, une explication de ce passé colonial de la Belgique.

Lire notre dossier de la rédaction : Décolonisation : les politiques bruxellois prennent position face au passé colonial

“Au bout des travaux parlementaires autour de ce thème (NDLR : une commission “vérité et réconciliation” va être créée à la Chambre pour le mois de septembre), je pense qu’on aboutira de toute façon aux excuses de la Belgique. Mais elles doivent être sincères, éclairées et éclairantes”, explique Gladys Kazadi (cdH), qui demande “une mémoire collective” entre la Belgique et le Congo. “Beaucoup de problèmes que nous connaissons aujourd’hui trouvent leurs racines dans l’histoire coloniale”, ajoute Kalvin Soiresse (Ecolo). “Un travail de fond doit être fait pour reconnaître l’histoire belge, et les drames qui se sont joués par le passé”.

Christophe Lacroix (PS), également historien, reconnaît que les citoyens belges et même les politiques “n’ont pas la connaissance de tout le passé colonial”. “Ce que nous voulons avec la commission créée à la Chambre, c’est lutter contre les préjugés, la xénophobie et le racisme, mais aussi travailler au vivre ensemble. Nous devons rappeler qu’une société en Belgique doit être multiculturelle, inclusive, ouverte sur le monde et accueillante”, dit-il.

Pour sa part, Louis Michel estime que la commission sera importante : “Il faut en effet que la vérité soit connue du peuple belge mais aussi du peuple congolais”. Concernant la question d’éventuelles excuses de la Belgique, Louis Michel estime que la question des réparations a été instrumentalisée par la France et les Pays-Bas voici une vingtaine d’années. “C’est pourquoi il a été si difficile de faire écrire dans les textes de Durant, des regrets et des excuses pour le colonialisme et l’esclavagisme”, affirme-t-il. Kalvin Soiresse rappelle encore qu’un travail de restitution “des objets dans les musées, des restes humains” doit également être mené : “C’est également un travail de réparation”.

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