Vaccination en entreprise : est-il possible de préserver le secret médical ?

De grandes entreprises (STIB, Bpost, SNCB….) comme des PME participent à l’appel lancer par les autorités pour vacciner leurs employés. Ces derniers doivent-ils avoir peur que leur patron soit mis au courant de leur état vaccinal ? La Cocom y répond.

À Bruxelles, l’amélioration de la couverture vaccinale est une priorité quotidienne. De nombreuses mesures ont déjà été prises par les autorités. Toutefois, pour que cette couverture soit encore plus large, la proximité entre le vaccin et la personne non-vaccinée est essentielle. À ce niveau, le récent appel lancé par la Cocom et les autorités bruxelloises pour que la vaccination se réalise aussi dans les entreprises est un élément positif comme l’explique la porte-parole de la Cocom Fatima Boudjaoui : « Les entreprises se manifestent au fur et à mesure. Actuellement, je n’ai pas un chiffre total des entreprises qui participent. De grandes entreprises comme des PME ont déjà répondu présent. » La question du secret médical des personnes qui se feront vaccinées est évidemment au centre de toutes les préoccupations : « Il est préservé, ce sont des médecins qui administrent le vaccin. Ces derniers peuvent être de la Cocom ou de la médecine du travail notamment. » précise-t-elle.

Des points d’accueil dans les entreprises

Outre la Stib, la SNCB notamment va commencer dès lundi comme l’explique Marie Anne Bury, Communication Manager chez HR Rail. Pour rappel, le nombre de travailleurs sur les chemins de fer est de 30.000 personnes en Belgique : « Chez nous, la vaccination aura lieu dans un endroit central à Bruxelles où les gens qui le souhaitent se feront vacciner. C’est la médecine du travail qui le fait chez nous. Il n’y a aucune obligation. À ce jour, nous n’avons évidemment pas de données sur le nombre de personnes déjà vaccinées chez nous. »

Un autre poids lourd en terme d’emploi, Bpost, qui emploie 20.000 personnes sur l’ensemble du territoire, a prévu plusieurs points de vaccination à Bruxelles comme le détaille Laura Cerrada Crespo, porte-parole de Bpost : « Ce sont nos propres médecins et le personnel paramédical de notre service externe de prévention Cohezio. Chez nous, cela commence le 14 septembre à Bruxelles (Bruxelles sud, Bruxelles Nord, Schaarbeek…). On informe notre personnel via les écrans dans les centres, via des emails et via les teams managers. S’ils veulent poser des questions, notre service de prévention est disponible pour eux. Aujourd’hui, nous n’avons aucune idée du pourcentage de vaccination de notre personnel. »

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Connaître le taux de vaccination de son entreprise. Possible ou pas ?

Pour René Konings, manager d’Agoria-Bruxelles, les entreprises se montrent motivées : « J’ai lancé un appel. J’ai mis les entreprises en contact avec la Cocom. J’ai mis les centres de formation en contact avec la Cocom. Certaines entreprises me disent que ce n’est pas nécessairement simple à mettre en place, mais nous y travaillons… Nous voulons aider la région bruxelloise à avoir la meilleure couverture vaccinale. C’est important pour la santé de la population et pour la relance économique de la région. Nous ne pouvons pas rester à la traîne par rapport à la Région wallonne et flamande. »

Après l’organisation patronale flamande Voka, la fédération technologique Agoria plaide également pour que les employeurs puissent connaître le taux de vaccination de leur personnel. Selon Bart Steukens, CEO d’Agoria, cette mesure permet à l’employeur, si « le nombre de personnes vaccinées est moindre, de prendre des mesures concrètes (masques buccaux, télétravail, compteurs de CO2, ventilation)” pour améliorer la situation, poursuit-il à l’agence Belga. ” Par ailleurs, les entreprises ou organisations ayant un pourcentage élevé de personnes vaccinées peuvent assouplir en même temps les mesures. Cela nous donne une base objective et incitera les entreprises à s’observer et à apprendre les unes des autres”.

Garder la confidentialité

Cette volonté des entreprises pourrait toutefois aller à l’encontre de la confidentialité des données de santé. Un employeur ne peut en effet pas connaître l’état vaccinal de son employé comme le rappelle la Dr Nathalie Schrivel, médecin du travail chez Attentia (secrétariat social et de prévention santé). «L’employeur ne peut pas collecter ce genre d’information. Il n’a pas le droit de demander à un travailleur s’il est vacciné ou pas. C’est le secret médical. En général, c’est donc la médecine du travail qui va collecter ce genre d’information qui ne peut pas être divulguée sans l’accord du travailleur. Évidemment, si le travailleur dit à son employeur: “je suis vacciné” alors, c’est lui-même qui divulgue l’information. Là, il n’y a aucun problème. »

Dans certains cas, la confidentialité peut être moins évidente : « Depuis le début de la vaccination, il y a aussi eu un congé de vaccination qui pouvait être accordé par les employeurs. Dans ce cas, indirectement, l’employeur pouvait savoir si son employé est vacciné ou pas. Dans certaines entreprises, pour éviter ce problème, le congé vaccination était intitulé « absence justifiée » » conclut-elle.

V.Li.