Une première au sein de l’Eglise : un évêque et un cardinal devant la justice pour diffamation et violation du secret professionnel
C’est une affaire rare qui secoue l’archidiocèse de Malines-Bruxelles. Un cardinal et un évêque belges sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour répondre de diffamation et violation du secret professionnel, annonce La Libre ce vendredi.
Tout commence en mars 2016. Un prêtre bruxellois a une relation avec l’une de ses paroissiennes. Celle-ci tombe enceinte et ne désire pas avorter. Ils décident donc de prendre contact avec un CPAS de la région bruxelloise – sous couvert du secret professionnel – pour connaître les options qui s’offrent à eux. La femme accouchera finalement sous X en France et confiera l’enfant à l’adoption.
Mais quelque temps plus tard, le prêtre en question est approché par une paroissienne qui est employée à la commune dont dépend le CPAS qu’il a contacté. Elle lui explique qu’elle a appris qu’il est le père biologique d’une enfant. De fil en aiguille, l’information arrive aux oreilles de Monseigneur Jozef De Kesel, qui était alors cardinal et archevêque de Malines-Bruxelles.
En avril 2019, le prêtre est convoqué à l’archevêché où on lui fait savoir qu’il est suspendu. Lors de la messe des rameaux, Monseigneur Kockerols – alors évêque auxiliaire – justifie l’absence du prêtre suspendu par des actes commis il y a un certain temps qui ne sont pas compatibles avec son état clérical, sans manquer d’ajouter que ces faits ne portent pas sur des actes d’abus sexuels sur mineurs.
Attaque en justice
Une déclaration qui pousse le prêtre suspendu à attaquer l’archevêque et son auxiliaire en justice. Il leur reproche d’avoir violé le secret professionnel et de s’être rendu coupables de diffamation.
Et la justice vient de lui donner raison. Pour la chambre du conseil, tant Monseigneur De Kesel que Monseigneur Kockerols auraient dû savoir que pareilles insinuations publiques allaient avoir des conséquences préjudiciables pour le prêtre. La chambre du conseil a donc suivi l’argumentation de ce dernier contre l’avis du parquet qui soutenait le non-lieu. En théorie, cette ordonnance de renvoi n’est pas susceptible d’appel. Les débats se tiendront donc devant le tribunal correctionnel de Bruxelles où les deux ecclésiastiques répondront de diffamation et de violation du secret professionnel. Une première qui sans aucun doute aura des conséquences sur la communication des membres de l’Eglise belge.
En attendant, le prêtre suspendu a fait l’objet d’une procédure de réduction à l’état laïc qui a abouti en février 2021. Il s’est depuis reconverti dans l’éducation et a repris contact avec son ancienne paroissienne. Ils sont désormais mariés et ont deux enfants.
■ Les explications de Victor de Thier dans le 8h