“Une diplomatie confinée, ça n’existe pas” : entretien avec l’ambassadrice de France

Quel impact la crise sanitaire a-t-elle eu sur la diplomatie internationale ? L’ambassadrice de France en Belgique est notre invitée, ce dimanche.

C’est dans son grand bureau de la chancellerie diplomatique, au coeur de l’Ambassade de France en Belgique, qu’Hélène Farnaud-Defromont nous reçoit, ce mardi matin. Dans le cadre d’un tournage pour notre émission “En Immersion, consacrée au quotidien d’une ambassade sous Covid, l’ambassadrice de France en Belgique a accepté de se livrer sur son quotidien, et l’impact de la crise sanitaire sur la diplomatie et les Affaires étrangères.

► En Immersion | Diplomatie sous Covid : au cœur de l’ambassade de France en Belgique

Le travail de l’ambassadrice de France, et plus globalement de l’ambassade, a été fortement bouleversé par la crise sanitaire. “La diplomatie, c’est vraiment un métier de médiation et d’interactions. Ça compte énormément, tout ce travail de contacts, d’échange d’informations, d’analyses partagées pour bien comprendre tel ou tel sujet, mais aussi un certain nombre de messages de Paris : ça nécessite beaucoup d’interactions humaines, donc là on s’est rabattu comme tout le monde sur le distanciel. Mais ce n’est pas la même qualité de contact, il y a des choses qu’on ne dit pas ou ne développe pas à distance“, explique Hélène Farnaud-Defromont.

Néanmoins, “même si on a confiné l’ambassade (…), on n’a jamais confiné la diplomatie française en Belgique ou nulle part, d’ailleurs. Ce n’est pas possible : une diplomatie confinée, ça n’existe pas“, martelle l’ambassadrice, qui est parvenue à trouver d’autres moyens de communication durant la crise. Ainsi, par exemple, Hélène Farnaud-Defromont a mis en place un entretien hebdomadaire avec son homologue allemand à Bruxelles, Martin Kotthaus, en lieu et place des rencontres habituelles lors de réceptions, par exemple.

Lutter contre le repli sur soi

Au cours de la pandémie, nombreux sont les pays à s’être repliés sur eux, à fermer leurs frontières, et notamment la Belgique. “On a tout fait pour combattre ce repli (…) On s’aperçoit, et on l’avait vu dans un contexte différent, il y a une dizaine d’années au moment de la crise économique et financière en Europe, il y a des réflexes de repli, quand il y a un danger, une difficulté, un imprévu. C’est humain. Il faut prendre sur soi, et c’est une des grandes avancées de l’Europe : les pays-membres de l’Union européenne, même s’ils ont ce premier réflexe de repli, très vite par volontarisme politique cherchent à se coordonner“, explique l’ambassadrice.

Hélène Farnaud-Defromont souligne que chaque pays y a gagné à partager ses points de vue, ses avancées, et ce malgré des spécificités pour chaque pays. “En étant dans un pays frontalier avec la France, la Belgique fait toujours partie du petit groupe de pays, dont Paris nous demande toujours comment elle réagit à telle ou telle situation, quelle décision elle prend“, précise-t-elle également.

 

■ Entretien par Arnaud Bruckner et Morgane Van Hoobrouck