Une brochure scandalise des parents d’enfants en situation de handicap: “Stigmatisant mais pas volontaire”, selon Rudi Vervoort

En début de semaine, une brochure de la Commission communautaire française (COCOF) a provoqué l’indignation de parents d’enfants en situation de handicap. Pour Rudi Vervoort, les mots utilisés sont “maladroits”. La brochure sera réécrite, a-t-il indiqué.

Cette brochure était destinée et distribuée aux parents d’enfants en situation de handicap afin de permettre le transport scolaire spécialisé dans les meilleures conditions. Au-delà du rappel des difficultés liées au transport d’enfants porteurs d’un handicap, c’est la forme qui pose question dans la brochure. Un des passages qui choque est : “Si votre enfant est en crise ou malade, l’accompagnateur ne peut pas le prendre en charge.”

Une disposition jugée scandaleuse, car certains handicaps s’accompagnent de troubles du comportement pouvant entraîner des crises. Différents déclencheurs peuvent provoquer ces crises. Selon Stéphanie Lange, députée francophone bruxelloise des Engagés, cette brochure “semble mépriser les réalités du handicap et exacerbe le sentiment d’abandon de familles déjà confrontées à des situations particulièrement éprouvantes.” La députée ajoute que cela montre une incompréhension totale des enjeux liés au handicap.

Sofia Bennani, députée bruxelloise pour Les Engagés et mère d’un enfant en situation de handicap, s’est également indignée : “Ce fascicule est scandaleux et cette absence de considération à l’égard des enfants et de leurs familles est d’une indignité totale“, a-t-elle déclaré à la DH.

Il y a des réactions également du côté du MR. Aurélie Czekalski a tenu à rappeler en séance plénière du parlement francophone bruxellois que “le Service du Transport Scolaire de la COCOF facilite le trajet quotidien de plus de 3.000 enfants fréquentant l’enseignement spécialisé francophone de la Région bruxelloise.”

“Même si ce n’est pas volontaire, c’est quand même stigmatisant”

Interpellé lors de la séance plénière du parlement francophone bruxellois, Rudi Vervoort, ministre en charge du transport scolaire, a réagi à la polémique. Le ministre-président bruxellois précise directement que lui et ses collaborateurs n’étaient pas au courant de la publication de cette brochure. Il souligne que, pour lui, les interpellations sont justifiées et juge que les mots utilisés sont “maladroits.”

Il précise qu’il n’y avait, selon lui, aucune intention malveillante de la part des producteurs de cette brochure. L’idée était de préciser que le transport scolaire n’est pas un transport médicalisé, tout en ajoutant que “même si ce n’est pas volontaire, c’est quand même stigmatisant.” Le ministre-président bruxellois en charge du transport scolaire a précisé que la brochure serait réécrite.

Des formations nécessaires

Du côté du GAMP (Groupe d’Action qui dénonce le Manque de Places pour les personnes handicapées de grande dépendance), cette brochure est jugée scandaleuse aussi bien sur le fond que sur la forme. Au-delà des mots, le GAMP considère qu’il y a trop d’exigences demandées aux parents et pas assez aux chauffeurs. “On ne va pas dégager un enfant du bus parce qu’il fait une crise. Il faut des formations pour les chauffeurs et convoyeurs,” explique Cinzia Agoni, porte-parole du GAMP.

Le GAMP fait état de témoignages de comportements inappropriés de chauffeurs, dont certains sont parfois très en retard ou souvent malades. Ces cas ont été communiqués à la COCOF, qui dit suivre la situation de près, mais aucune décision n’a pour le moment été prise à l’encontre des chauffeurs concernés, selon le GAMP.

Selon Rudi Vervoort, des formations de deux semaines sont prévues pour les chauffeurs. Il est également prévu de proposer des formations supplémentaires en fonction des handicaps qu’un chauffeur peut rencontrer sur son parcours. Le GAMP juge ces formations absolument nécessaires et se réjouit des propos du ministre, en espérant que la situation du transport des enfants porteurs de handicap puisse s’améliorer.