Un tarif social sera d’application pour compenser l’augmentation du prix de l’eau
Brugel, le régulateur du prix de l’eau et de l’énergie à Bruxelles a donné son accord pour l’augmentation du prix de l’eau de 15% comme demandé par Vivaqua. Elle sera effective dès le 1er janvier 2022.
Cela faisait 7 ans que le prix de l’eau n’avait pas augmenté dans la capitale. Récemment déjà, la facture est devenue trimestrielle et plus annuelle pour éviter les impayés. A partir du 1er janvier 2022, le prix va augmenter.
Pour Vivaqua, le coût réel de la distribution n’est plus couvert par le tarif pratiqué. La dette de Vivaqua s’élève aujourd’hui à 877 millions d’euros. Impossible à tenir sur le long terme surtout que le réseau d’égout de la capitale est vétuste et doit subir une rénovation en profondeur.
Les Bruxellois bénéficient du tarif le plus bas de toute la Belgique. A titre de comparaison, pour un ménage de deux personnes consommant 35m³ par personne et par an, un Gantois paie 400 euros contre 260 euros pour un Bruxellois. Malgré la future augmentation, le Bruxellois payera toujours moins cher, car sa facture passera à 299 euros soit une hausse de 39 euros par an.
Pour une personne seule, on passera de 164 euros à 199 euros et pour un ménage de 4 personnes de 495 à 570 euros. En 2023, il faudra ajouter l’indexation jusqu’en 2026. Pour Julie Frère de Test Achat, l’augmentation est justifiée, mais la période n’est pas favorable pour les consommateurs. “On connait une inflation très importante. Les prévisions ne sont pas certaines pour retrouver un niveau d’inflation de 2%. L’augmentation n’est pas bienvenue mais elle va s’accompagner d’un tarif social. On va aussi parler de tarif linéaire et plus progressif. Il y a des éléments positifs puisqu’un ménage sur quatre va pouvoir bénéficier de ce tarif social.”
Un ménage sur quatre en précarité hydrique
Pour tenter de contrer cette hausse, le gouvernement bruxellois a souhaité revoir la politique de tarification sociale de l’eau. Aujourd’hui, un quart des ménages bruxellois est en précarité hydrique. A partir du 1er janvier, il ne sera plus possible de couper l’eau des ménages les plus précarisés ce qui risque aussi de creuser le déficit de Vivaqua puisque les arriérés vont augmenter.
Pour les ménages qui bénéficient déjà d’une intervention majorée pour les soins de santé, la Région bruxelloise les aidera financièrement. Le montant sera un forfait calculé en fonction du nombre de personnes dans le ménage.
Vivaqua modifie aussi plusieurs aspects de ses conditions générales. Elle devra prévenir 72 heures avant au lieu de 48 maintenant en cas de coupure d’eau, multiplier par deux les délais de paiement et proposer une facturation par voie électronique dès 2023.
Mais ces modifications seront-elles suffisantes ? Pour le député Défi, Emmanuel De Bock, on ne s’attaque pas au véritable problème de Vivaqua. “Je suis assez déçu de cette augmentation. Le vrai enjeu est de réformer l’intercommunale. Il faut faire des économies dans les dépenses et à Vivaqua, il manque de l’argent dans le fonds de pension. L’augmentation sert à cela. Il faut le dire car on essaie de nous faire croire que c’est à cause des coûts de structure mais cela n’est pas vrai. J’aurais préféré une augmentation lissée dans le temps plutôt que celle-ci. Il faut un refinancement de Vivaqua.”
La décision doit encore être approuvée par le gouvernement mais la question de Vivaqua reviendra très certainement sur la table un jour.
■ Interviews de Julie Frère, porte-parole de Test Achat et Emmanuel De Bock, député DéFi par Vanessa Lhuillier
Photo: Belga