“Un mépris flagrant”, “irresponsable”… Le PS fulmine après la diffusion du plan de fusion des zones de police

Les bourgmestres socialistes bruxellois ont fait part mardi de “leur profonde indignation” face à la méthode utilisée par le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin (MR), consistant à dévoiler son projet de fusion des zones de police bruxelloises dans la presse alors même qu’une réunion de concertation avec les dix-neuf bourgmestres de la capitale était en cours”. Sur le fond, le député fédéral socialiste Ridouane Chahid parle d’un projet “irresponsable” qui se plie aux exigences nationalistes. DéFI de son côté évoque un “brol attendu mais dangereux”.

Le projet de fusion des zones de police de la capitale se précise, ressort-il de la diffusion, mardi, d’une note du cabinet du ministre de l’Intérieur, faisant état d’un plan relatif aux futures fusions de zones. Le plan prévoit, pour Bruxelles, un chef de corps unique chargé des décisions opérationnelles sur base d’une “vision globale de la sécurité pour l’ensemble du territoire avec le collège de police et les autorités judiciaires”. Les bourgmestres bruxellois siègeront au sein du Collège de police et décideront de la répartition des policiers, moyennant certains garde-fous pour une répartition équitable. La norme KUL fixant les moyens financiers sera réformée. Il y aura de nouveaux mécanismes de soutien pour “toutes les futures fusions de zones dans le pays” y compris à Bruxelles.

Lire aussi | Fusion des zones de police : le plan du ministre Quintin pour “2026 et une effectivité en 2027”

“Passage en force inacceptable”

Cette sortie médiatique unilatérale illustre un mépris flagrant pour la concertation avec les communes, pourtant premières concernées par cette réforme. C’est un passage en force inacceptable“, ont-ils fait valoir par la voix du chef de file socialiste bruxellois Ahmed Laaouej. Pour les maïeurs PS, cette fusion est le fruit d’une “décision imposée contre l’avis des 19 communes bruxelloises, qui s’étaient pourtant exprimées en conférence des bourgmestres contre un tel scénario. Alors que partout ailleurs, les zones de police sont libres de fusionner ou non, Bruxelles se voit contrainte par un arrêté royal, sans aucune consultation démocratique“.

Sur le fond, les bourgmestres socialistes ont déploré l’absence de mesures concrètes de financement dans la note exposée. Aucun nouveau moyen structurel n’est prévu, à l’exception d’une reprise de dette de 30 millions d’euros – “une goutte d’eau face aux besoins réels des zones de police bruxelloises“. La réforme de la norme KUL est évoquée, mais le ministre admet ne pas savoir quels montants supplémentaires Bruxelles recevra.

Enfin, aucune assurance n’est donnée sur le maintien des services de police de proximité. “Laisser aux bourgmestres le soin de négocier l’organisation interne de cette future zone unique, sans cadre précis, ouvre la voie à des coupes budgétaires et à une détérioration des services de police dans nos communes“, ont-ils ajouté. Enfin, aucune étude d’impact sérieuse n’a été présentée, ont encore dit les bourgmestres socialistes bruxellois appelant le gouvernement fédéral “à travailler avec les communes, et non  contre elles“.

“Aveuglement idéologique”

Le député fédéral PS, le Bruxellois Ridouane Chahid, a durement critiqué le projet du ministre Quintin. “Avec ce projet, le ministre abandonne les Bruxellois, détricote la police de proximité et ouvre un boulevard à ceux qui veulent instaurer des zones de non-droit. Ce projet est d’une irresponsabilité sans nom“, a-t-il fustigé, dans un communiqué.

La sécurité doit être notre priorité, ce gouvernement l’a oubliée… Il s’obstine dans un aveuglement idéologique en prônant la fusion comme simple réponse. A Anvers, il n’existe qu’une seule zone et pourtant c’est la porte d’entrée du trafic de drogue en Belgique“, a vivement déploré Ridouane Chahid. Selon celui-ci, aucun financement et aucun renfort policier ne sont annoncés alors qu’il manque près de 1000 policiers à Bruxelles et plus de 100 enquêteurs à la Police Judiciaire. Au lieu d’apporter une réponse opérationnelle pour assurer la sécurité des Bruxellois, “le MR et son ministre de l’Intérieur se plient aux exigences des nationalistes flamands“.

Comme attendu, un “brol”, mais dangereux

Le projet de fusion des zones de police de la capitale tel que présenté dans une note aux médias n’est que le désordre attendu, a dénoncé le député fédéral DéFI, François De Smet. “Comme attendu: (c’est) un brol. Un chef de corps + 19 bourgmestres + un haut fonctionnaire + un ministre-président + un bureau de police “kern” + des dispositions alambiquées pour allier priorités de terrain avec cette fusion voulue par les nationalistes. Un brol. Et un brol dangereux“, a commenté mardi le mandataire amarante sur plusieurs réseaux sociaux.

 

Vooruit salue

La secrétaire d’État bruxelloise Vooruit Ans Persoons a par contre salué le projet. Vooruit fait partie de la majorité fédérale de l’Arizona. La formation socialiste flamande plaide, comme une large majorité des partis flamands pour une fusion des zones de police de la capitale. “Dans la lutte contre la violence liée au narcotrafic, la violence à l’égard des femmes et minorités, la petite délinquance,… notre Région a plus que jamais besoin d’une réforme efficace de la politique de sécurité et gouvernance policière, mais certainement aussi de plus d’investissements et de solidarité entre les communes. L’instauration d’une zone de police bruxelloise unifiée, soutenue depuis 20 ans par Vooruit, est en passe de devenir réalité. Nous saluons le projet du gouvernement fédéral et du ministre compétent Bernard Quintin et espérons une réforme ambitieuse qui tienne compte des besoins de Bruxelles“, a commenté Ans Persoons via son porte-parole.