Un chercheur palestinien avec une bourse de l’ULB coincé à Gaza : la rectrice interroge les autorités belges

L’ULB appelle à une révision urgente des critères d’évacuation de la Bande de Gaza pour pouvoir accueillir le chercheur Ahmed Alsalibi, détenteur d’une bourse. Les Affaires Etrangères évoquent des conditions difficiles sur place.

La rectrice de l’Université libre de Bruxelles, Annemie Schaus, a publié un texte sur LinkedIn dans lequel elle déplore et dénonce l’impossibilité pour le chercheur palestinien Ahmed Alsalibi, son épouse et son fils de 11 ans de rejoindre l’ULB. Et ce, écrit-elle, malgré l’obtention “d’une bourse post-doctorat, d’un visa et d’un permis de travail”. 

“En réponse aux multiples démarches entreprises par mon institution et moi-même,” écrit Annemie Schaus, “les autorités nous ont fait savoir qu’elles ne pourraient pas assurer son évacuation, au motif que notre collègue ne dispose pas de lien suffisamment direct avec la Belgique – alors même qu’il est officiellement accueilli dans le cadre du Fonds de solidarité Khaled al-Asaad de l’ULB, Fonds destiné aux chercheurs en danger.”

La rectrice de l’ULB souligne que cette situation pose une “question fondamentale de principe : les autorités belges tournent-elles purement et simplement le dos à la tradition des académiques en danger dans notre pays ?” Et note que l’ULB appelle à une révision urgente des critères d’évacuation de la Bande de Gaza.

Elargir la liste ?

Actuellement, seuls les nationaux Belges et les réfugiés (ceux ayant obtenu ce statut) et leur famille nucléaire peuvent bénéficier d’une évacuation d’urgence de la Bande de Gaza. Ces critères ont été fixés en octobre 2023 par le gouvernement précédent. Dans une interview BX1, la vice-rectrice de l’ULB Anne Weyembergh explique : “Notre chercheur a un visa et un permis de travail, mais il n’est ni de nationalité belge, ni n’a le statut de réfugié. C’est la raison pour laquelle il y a eu ce refus. Mais ces critères sont particulièrement étroits et, par ailleurs, la situation a dramatiquement évolué sur place depuis 2023. C’est la raison pour laquelle on demande d’élargir cette liste pour que les chercheurs en danger et accueillis dans nos universités puissent être évacués d’urgence, ainsi que leur famille nucléaire. Et nous demandons la même chose pour les étudiants ayant obtenu une bourse.” 

Anne Weyembergh souligne que l’ULB a depuis longtemps une “tradition d’accueil des chercheurs en danger”. Par le passé, continue-t-elle, “nous avons accueillis des collègues chiliens pendant le régime de Pinochet ainsi que des collègues grecs, portugais pendant les régimes dictatoriaux de l’époque. Nous avons mis sur pied un fonds de solidarité qui nous permet d’accueillir des chercheurs en danger, afin qu’ils puissent venir continuer leurs recherches dans un laboratoire à l’ULB”. 

La réponse des Affaires étrangères

Contactés par BX1, les Affaires Etrangères – dirigés par le ministre Maxime Prévot (Engagés) – ont répondu que “le gouvernement actuel a décidé de poursuivre les évacuations sur base d’une liste de presque 500 personnes établie selon les critères précédemment définis”.

Le Cabinet ajoute que “les Ministres sont bien conscients que ces catégories pourraient éventuellement être étendues notamment aux chercheurs menacés et aux étudiants boursiers, mais notre focus actuel va donc vers l’évacuation sûre et efficace des personnes déjà identifiées.  Comme évoqué, les défis sont considérables, tant sur le plan logistique, sécuritaire qu’administratif. Les Affaires étrangères à Bruxelles et dans les postes diplomatiques à Jérusalem et Amman s’investissent sans relâche pour rendre ces évacuations possibles, souvent dans des conditions difficiles”. 

Pour les Affaires Etrangères, “c’est pour cette raison que le gouvernement n’a, actuellement, pas la possibilité d’élargir le scope des évacuations, peinant déjà dans les conditions de guerre actuelles, à rendre opérationnelles les évacuations identifiées à ce jour pour nos ressortissants belges et réfugiés reconnus.” De son côté, la vice-rectrice de l’ULB note que d’autres pays européens comme la France, l’Irlande ou encore l’Italie travaillent main dans la main avec les universités de leur pays pour assurer l’évacuation des chercheurs et étudiants de la bande de Gaza qui ont un lien avec ces universités.

A.D – Photo : BX1

  • Interview de la vice-rectrice de l’ULB Anne Weyembergh

 

 

BX1
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