Un avocat bruxellois soupçonné de faux en écriture dans une affaire sensible

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Le parquet de Bruxelles a ouvert une enquête concernant un avocat bruxellois connu et qui est soupçonné d’avoir falsifié des documents dans une procédure devant la chambre des mises en accusation. L’avocat aurait tenté d’obtenir la liberté provisoire de son client à l’aide de ces documents, a appris Belga à bonne source. Le parquet de Bruxelles a confirmé l’ouverture d’une enquête mais n’a pour l’heure pas souhaité en commenter la teneur.

C’est le parquet fédéral qui a eu les premiers soupçons compte-tenu du fait que l’avocat en question intervenait dans l’un de ses dossiers. L’avocat défendait Jamal. E.H., un Algérien de 40 ans considéré comme étant à la tête d’une organisation criminelle opérant à grande échelle dans la fabrication de faux documents d’identité, et qui a été condamné en mai dernier à 7 ans de prison pour ces faits. Jamal E.H. a interjeté appel et dans l’attente de son procès en appel, son avocat a à deux reprises demandé sa remise en liberté.

Lors de ces demandes, l’avocat a à chaque fois ajouté la déclaration d’une femme qui indiquait qu’E.H. pouvait résider chez elle. La chambre de mises en accusation n’a pas remis E.H. en liberté mais les déclarations de cette femme ont éveillé quelques soupçons auprès du parquet fédéral. Le fait qu’E.H. entretenait une relation avec deux femmes différentes depuis la prison, a particulièrement attiré son attention. Les deux femmes ont été entendues et ont déclaré qu’elles ne connaissaient pas du tout Jamal E.H., et qu’elles n’avaient jamais indiqué qu’il pouvait dormir chez elles. Elles ont aussi déclaré avoir par le passé consulté l’avocat d’E.H. et que cet avocat avait relevé une copie de leurs cartes d’identité.

Selon le parquet fédéral, ces propos tenus lors de l’audition étaient suffisants pour soupçonner que les déclarations des deux femmes que l’avocat avait utilisées devant la chambre des mises en accusation pour plaider la remise en liberté de son client, étaient des faux. Il en a ensuite avisé le parquet de Bruxelles. Ce dernier a entretemps confirmé qu’une enquête était ouverte.

“Une enquête a bien été ouverte et des devoirs d’enquête ont été ordonnés. Nous ne souhaitons pas faire plus de commentaire pour le moment”, a indiqué Denis Goeman, le porte-parole du parquet de Bruxelles. Dans les cercles judiciaires, on indique que des vérifications sont en cours afin de notamment déterminer qui de l’avocat lui-même ou d’un membre de son cabinet, est à l’origine de la falsification potentielle.

“L’enquête démontrera que mon cabinet n’est absolument pas impliqué. Ce n’est pas parce que mon client est soupçonné dans un dossier de confection de faux documents d’identité que tous les documents qui sont présentés à son sujet sont des faux”, a déclaré pour sa part l’avocat concerné par cette affaire. La question de l’éventuelle fausse déclaration a été transmise mardi par le parquet fédéral à la Cour d’appel de Bruxelles. Cette dernière devait traiter mardi le dossier de Jamal E.H. mais a remis l’affaire au 11 septembre prochain. (avec Belga)