Tueries du Brabant : un ancien truand accuse deux anciens comparses… avant d’être lui-même interpellé
Dans un communiqué de presse, Alain Moussa, membre de la bande de Philippe De Staercke, accuse deux anciens compères, avant d’être interpellé lors de perquisitions .
Membre de la bande De Staercke, cet ex-cambrioleur âgé de 70 ans, condamné à plusieurs reprises pour de nombreux hold-up, soutient que les meurtres commis dans les différents magasins ainsi que l’enquête qui s’en suit depuis plus de 35 ans sont manipulés.
Il affirme également que Philippe De Staercke et Dominique Salesse “sont deux des auteurs des tueries du Brabant Wallon et ont bénéficié de protections et complicités diverses, tant au niveau de Jean Bultot (ancien directeur adjoint de la prison de Saint-Gilles) que de certains membres de la police et de la Sureté de l’État“. Selon M. Moussa, Philippe De Staercke et Jean Bultot étaient amis. Le premier aurait d’ailleurs bénéficié de cette amitié pour sortir de prison le matin “afin de faire ses saloperies” et rentrer le soir.
Après avoir parlé à deux policiers, ainsi qu’à une société de production basée au Luxembourg, il souhaite que “maintenant, tout doit être dit et que ce dossier doit se refermer afin de faire partie du triste passé et que les victimes sachent le comment et le pourquoi concernant les tueries du Brabant Wallon qui ont fait trembler la Belgique toute entière“, conclut-il.
À la suite de ces déclarations, deux perquisitions ont été effectuées à Ganshoren et à Asse mardi matin, dans le cadre de l’enquête sur les tueurs du Brabant, selon une information du groupe Het Mediahuis, confirmée par le parquet fédéral.
Il a été interpellé
“Une arme de poing, divers téléphones portables et du matériel informatique ont été saisis. Deux personnes ont été emmenées pour interrogatoire“, a déclaré le parquet fédéral. Alain Moussa serait l’une des deux personnes interpellées, selon les journaux de Het Mediahuis. La deuxième serait Daniel B.
Membres de la “bande de Baasrode”
Alain Moussa a fait partie de la “bande de Baasrode”, à laquelle appartenaient aussi Philippe De Staercke et Dominique Salesse. Dans les années 1980, ils ont commis des braquages de banques, de bijouteries et de bureaux de poste. Ils ont aussi été longtemps soupçonnés d’avoir fait partie des tueurs du Brabant.
Alain Moussa a toujours nié avant de se rétracter aujourd’hui
Alain Moussa avait toujours nié que ses comparses et lui avaient quoi que ce soit à voir avec les tueries du Brabant, mais il vient de changer de version. Il a notamment déclaré que Philippe De Staercke lui avait demandé de participer à des attaques de magasins, ce qu’il avait refusé. Il a affirmé vouloir aujourd’hui “mettre un terme à sa carrière de gangster une fois pour toutes“. Daniel B. avait confirmé certains de ses propos.
Quid de De Staercke, Salesse et Bultot ?
Concernant Philippe De Staercke, il avait été condamné à vingt ans par la cour d’appel de Gand pour vols et hold-up. Inculpé le 30 juin 1987 pur la tuerie du 9 novembre 1985 au Delhaize d’Alost qui avait coûté la vie à huit personnes, il a finalement bénéficié d’un non-lieu en 2002.
En 2010, un portrait-robot réalisé sous hypnose ressemble au visage de Dominique Salesse. Certains enquêteurs pensent qu’il s’agit d’un des trois tueurs du Brabant mais M. Salesse nie toute implication dans ces tueries.
Quant à Jean Bultot, ancien directeur adjoint de la prison de Saint-Gilles, plusieurs indices, qui avaient brûlé en grande partie dans les bois de Ronquières, menaient à lui. Dès lors, il quittait la Belgique pour le Paraguay où des enquêteurs belges ont pu l’interroger mais la commission rogatoire aurait été mal menée. Dernièrement, Mme Michel, la juge en charge à Charleroi du dossier des tueries du Brabant voulait l’auditionner une nouvelle fois, en tant que témoin dans le cadre du dossier. Si M. Bultot avait accepté, il disposait de peu de moyens financiers pour un retour en Belgique et est finalement décédé.
Des tueries qui ont secoué la Belgique dans les années 1980
Les tueries débutent en 1982 où une série de meurtres sont commis en Wallonie, en Flandre, mais aussi à Bruxelles. Dans notre région, un taximan est retrouvé mort dans le coffre de sa voiture le 12 janvier 1983, alors qu’un Delhaize est attaqué à Uccle fin février de la même année, une attaque qui fait un blessé.
Si entre 1983 et 1985, il n’y a aucun meurtre, les tueries reprennent le 27 septembre 1985 à Braine-l’Alleud, puis à Overijse et dans un Delhaize à Alost. Cette pour cette dernière tuerie que Philippe De Staercke avait été condamné puis bénéficié d’un non-lieu.
Les tueries du Brabant avait causé au final la mort de 28 personnes.
Y. Mo. avec Belga – Photo :Herwig Vergult