Trois crânes humains datant de l’époque coloniale mis aux enchères à Uccle : la vente finalement annulée

L’annonce a de quoi surprendre. L’Hôtel de ventes Vanderkindere a mis aux enchères trois crânes humains datant de l’âge colonial, avant de reconnaitre une erreur et d’annuler la vente.

Trois crânes humains “collectés” dans les années 1890, soit durant la période coloniale, ont été mis aux enchères par l’Hôtel de ventes Vanderkindere à Uccle. En voici l’annonce :

“Lot de trois crânes humains : un crâne de Bangala anthropophage aux incisives taillées en pointes, un crâne du chef arabe Muine Mohara tué par le sergent Cassart à Augoï le 9 janvier 1893 et décoré d’un bijou frontal, et un fragment de crâne collecté au « Figuier de la mort » dans le village de Bombia dans la province de la Mongala par le docteur Louis Laurent le 5 mai 1894. Portant d’anciennes étiquettes de collection. Provenance : ancienne collection du docteur Louis Laurent à Namur. Epoque : XIXème.”

L’annonce publiée sur le site Drouot.com a de quoi surprendre tant elle soulève des questions éthiques. D’autant plus que cette mise aux enchères intervient dans un contexte où le gouvernement fédéral réfléchit à la restitution de restes humains “collectés” durant cette période.

Le Collectif Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations dénonce une “déshumanisation coloniale“. Sur ses réseaux sociaux, il indique avoir l’intention de porter plainte “pour recel de partie de cadavre” contre l’Hôtel de ventes et le site.

Ce mercredi matin, la salle de vente a finalement effacé son annonce et a présenté ses excuses. “L’hôtel de ventes Vanderkindere tient sincèrement à s’excuser d’avoir proposé aux enchères un lot comprenant trois crânes humains liés au passé colonial belge, et c’est pourquoi ceux-ci sont impérativement retirés de la vente. Nous ne cautionnons aucunement les souffrances et les humiliations subies par les peuples victimes de ces actes coloniaux. Nous présentons à nouveau nos profonds regrets envers toute personne ayant été meurtrie et blessée par la mise en vente de ce lot.”

Suite à ces événements, la co-présidente d’Ecolo Rajae Maouane déclare : “il m’est inconcevable que le commerce des restes humains soit légal aujourd’hui en Belgique. Les dépouilles, également celles des personnes tuées pendant la période coloniale, ont droit au respect absolu. On ne vend pas des cadavres. Ça doit changer.”

 

La rédaction – Photo d’illustration: Belga