Tensions dans la grande distribution: “Une colère émotionnelle, les travailleurs ont peur”

En première ligne face au coronavirus, la fièvre sociale gagne le personnel de la grande distribution.

C’est l’un des secteurs en première ligne face à la crise sanitaire du coronavirus. Depuis plusieurs semaines, la fièvre sociale gagne la grande distribution. Les nerfs à vif, les travailleurs demandent notamment une réduction des heures d’ouverture des magasins, des congés supplémentaires ou des primes. Ils demandent également du matériel de sécurité adapté à la situation sanitaire actuelle.

Ce week-end, le premier round de négociations entre la fédération du commerce et des services Comeos et les syndicats du secteur s’est soldé par un échec. Depuis ce lundi, les représentants des travailleurs rencontrent la quinzaine d’entreprises présentes en Belgique à tour de rôle. Un tour de table – virtuel – qui a commencé ce lundi avec Carrefour et Aldi : “Nous espérons rencontrer tous les acteurs d’ici la fin de la semaine, et nous espérons que la machine se mette en route“, nous a précisé Myriam Delmée, présidente de la Setca. A savoir, en ces temps de confinement, ces réunions se déroulent par téléphone ou vidéoconférence : “C’est très particulier et il faut prendre ses marques, c’est d’autant plus compliqué“.

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Des grèves d’ici le 29 avril ?

Faut-il craindre des mouvements de grève avant la fin du confinement, prévue le 19 avril ? “Evidemment, nous ne le souhaitons pas, indique la représentante des travailleurs, mais nous espérons plus de compréhension de la part de certaines directions. Certains membres du personnel sont à cran, et il va falloir encore tenir plusieurs semaines“. Toutes les enseignes sont touchées par la grogne : “Tout dépend de la situation de chaque magasin. Des clients sont compréhensifs, d’autres moins. Dans certains magasins, il y a aussi beaucoup d’absences, la tension se répercute donc sur le personnel qui est présent“.

C’est une tension très particulière, loin de celle des restructurations. On ne parle plus d’un emploi, on parle d’une vie. Les travailleurs mettent leur vie en danger en allant travailler. C’est une colère émotionnelle“, confie la syndicaliste.

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T.Du.