Surpopulation dans les prisons : des avocats tirent la sonnette d’alarme

L’État belge doit actuellement un total de 2.700.000 euros d’astreintes à l’Ordre des barreaux francophones et germanophone de Belgique, Avocats.be. Une décision de la cour d’appel de Liège datant de décembre dernier contraint en effet l’État à mettre fin à la surpopulation dans les prisons.

Selon le président d’Avocats.be, Pierre Sculier, et Denis Bosquet, il n’y a jamais eu autant de détenus dans les prisons belges, alors que la délinquance n’est pas en augmentation, la faute entre autres à une législation qui impose que les courtes peines soient désormais toutes exécutées et au recours obligatoire à la détention préventive dans les procédures accélérées. En 2021, les prisons comptaient 10.035 détenus. Elles en comptent aujourd’hui 12.000.

Pour Denis Bosquet, le problème n’est pas nécessairement de décider de faire exécuter toutes les peines, même inférieures à deux ans de prison, mais bien de le décider sans s’assurer qu’il y a suffisamment de place dans les établissements pénitentiaires. “Ces peines courtes devraient même être exécutées non pas dans les prisons, mais dans ce que l’on appelle les maisons de détention. Or, les communes refusent de les ouvrir. On a donc un État qui travaille à l’envers”, a-t-il regretté.

La promiscuité dans les cellules, où des détenus sont parfois à trois dans un espace prévu à la base pour une personne et sans aucune intimité pour faire ses besoins, le manque d’hygiène et l’absence d’outils de réinsertion ne sont autres que des traitements inhumains, selon les orateurs. À Bruxelles, la prison de Forest, totalement vétuste, a été fermée, mais des détenus sont encore incarcérés à la prison de Saint-Gilles, elle aussi décrépie, parce que la nouvelle prison de Haren manque de personnel pour ouvrir certaines ailes.

Pour Avocats.be, Denis Bosquet et Sandra Berbuto, il est primordial d’attaquer le problème dans son ensemble, à commencer par le prononcé des peines et le recours systématique à la détention préventive. La société “très sécuritaire” d’aujourd’hui conduit à une “sur-incarcération”, mais il est nécessaire de “réfléchir autrement” selon eux, tant les études criminologiques que les rapports de divers organismes d’observation des prisons montrent que la détention n’est pas la solution ultime à la transgression des règles de vie en société.

Le nombre de places disponibles dans les prisons belges a augmenté en un an. Malgré cette capacité supplémentaire, les établissements pénitentiaires font face à une surpopulation de près de 15%, ressort-il samedi des chiffres du SPF Justice.

Avec Belga. 

► Une interview de Denis Bosquet par Camille Paillaud