Subventions du cinéma : les associations dénoncent les décisions d’Alda Greoli, qui se défend
Treize associations du secteur du cinéma ont dénoncé jeudi les décisions de la ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Alda Greoli (cdH), en matière de subventions. Ils pointent particulièrement la réduction de l’enveloppe allouée à certains ateliers de production et la suppression du soutien au festival ‘Filmer à Tout Prix’.
Si fin 2017, les durées des conventions et les montants alloués aux Ateliers d’accueil et d’école ont été maintenus, il n’en va pas de même pour les ateliers de production reconnus. Six sur sept ont ainsi vu leur convention réduite de quatre à deux ans et certains ont subi une baisse de leur enveloppe de fonctionnement, déplorent les associations, parmi lesquelles figurent l’Atelier de production de la Cambre, l’Atelier de réalisation de l’INSAS, le Centre de l’audiovisuel à Bruxelles ou encore Wallonie Image Production.
Le dispositif des ateliers de production “participe de manière stable et certaine à la vitalité de notre cinématographie” en permettant aux jeunes cinéastes de financer notamment leur film de fin d’étude, ainsi que de soutenir, coproduire et diffuser les films d’auteur. Ce dispositif tel que défini dans le décret Cinéma, est spécifique à la Fédération Wallonie-Bruxelles et unique en Europe. “Appliquer à ses structures le seul critère de la rentabilité témoigne d’une politique à courte vue dont les auteurs seront les premières victimes”.
En supprimant son subside structurel, la FWB démantèle un festival qu’elle a elle-même créé en 1985. Le festival “Filmer à tout prix” ne bénéficie plus d’aucune aide. En 2017, l’évènement avait réuni 800 longs-métrages lors d’un appel à films, signe “d’une vitalité et de la renommée qu’il suscite parmi les réalisateurs belges et étrangers”. À cela s’ajoute également la diminution de l’aide d’un lieu de diffusion aussi singulier que le Cinéma Nova. “Nous nous dirigeons vers un appauvrissement programmé en termes de contenu, de visibilité et de diversité de cette création cinématographique”, s’inquiètent les associations.
“Regrettable de remettre un avis négatif”
Dans une réaction à l’agence Belga, la ministre Alda Greoli justifie ses choix et “affirme au contraire son soutien au cinéma de création”. “C’est toujours regrettable de remettre un avis négatif et particulièrement dans ce cas-ci puisque le festival ‘Filmer à Tout Prix’ a été créé par la FWB”, indique la ministre cdH. “Néanmoins, le projet pour les prochaines années n’a pas convaincu les membres de la Commission d’aide aux Opérateurs Audiovisuels (COA), qui ont motivé leur avis sur base des critères repris dans le décret, et j’ai suivi leur avis”, justifie-t-elle.
“‘Filmer à Tout Prix’ n’est pas le seul festival consacré aux documentaires”, rappelle-t-elle par ailleurs. “Millénium par exemple, est également entièrement dévolu à ce genre, et d’autres festivals, comme le FIFF ou le Méditerranéen en programment régulièrement.” Alda Greoli ajoute que quatre festivals sont aidés pour la première fois en 2018 et que le Ramdam à Tournai, qui n’était pas soutenu en 2017, bénéficie maintenant d’une aide de 50.000 euros, plus en phase avec ses activités et son rayonnement. “Je ne désespère pas de voir la programmation spécifique de ‘Filmer à tout prix’ reprise par un autre opérateur”, conclut la ministre.
“Concernant les ateliers, j’ai suivi l’avis de la COA qui, sans jamais remettre en cause ou en question l’intérêt et la qualité du travail des ateliers, s’interroge sur leur complémentarité, la manière dont ils s’adaptent à un environnement en constante évolution, leurs projets, les éventuelles mises en commun pour des actions similaires ou complémentaires, les liens avec l’éducation permanente, etc.”, justifie Alda Greoli. “Toutes ces interrogations ont poussé les membres de la COA à proposer de limiter à deux ans les promesses d’aide afin de permettre aux ateliers de réfléchir ensemble à ces questions. Je le vois comme une opportunité”, indique-t-elle. La ministre de la Culture ajoute qu’elle rencontrera prochainement les responsables des différents ateliers pour entendre leur point de vue.
Avec Belga – Photo : Belga/Bruno Fahy