Soins de santé : Alexia Bertrand veut “abaisser la norme de croissance”

Les soins de santé, coûtent-ils trop cher en Belgique ? Et comment faire des économies en la matière sans toucher aux droits du patient ? La Secrétaire d’État au Budget, Alexia Bertrand (Open VLD) était l’invitée de Fabrice Grosfilley ce lundi matin dans Bonjour Bruxelles

Le Fonds monétaire international – qui compare des dizaines de pays – nous dit qu’avec la qualité de service que l’on a, on devrait être 20 à 30% moins cher“, explique d’abord Alexia Bertrand. Mais plus efficace ne veut pas dire qu’on doit toucher aux droits des patients, tempère-t-elle. “J‘ai vécu aux Etats-Unis, la sécurité sociale et les soins de santé en Belgique, je les chéris. Je ne voudrais me faire soigner nulle part ailleurs qu’en Belgique. Mais il va falloir qu’on travaille de façon plus efficace.”

Comment dès lors faire 20 à 30% d’économies sans que cela touche à la qualité des soins et à l’accueil du patient ? La Secrétaire d’État en charge du Budget avance plusieurs pistes, dont la prévention. “On est top dans les soins, mais on n’est pas bon assez dans la prévention. Si on compare par rapport à l’Allemagne et à la France, ils font deux fois plus de prévention que nous. Si on regarde les Pays-Bas, c’est trois fois plus.”

Selon elle, ce manque de prévention s’explique en partie par notre modèle institutionnel. “Ce sont les communautés qui sont chargées de faire la prévention, mais qui paye les soins de santé ? Le fédéral. Cela crée donc peu d’incentives, dès lors que l’on n’en recueille pas les fruits. Et quand je dis ça, je ne jette pas la pierre aux communautés. Mais là, on va devoir se mettre tous ensemble, parce que c’est tellement important.

Une norme de croissance trop élevée ?

La Confédération européenne des syndicats s’inquiète de nouvelles règles budgétaires qui sont en préparation au niveau de l’Europe. D‘après les chiffres, notamment relayés dans le journal Le Soir ce matin, il faudrait que la Belgique se prépare à économiser 2,5 milliards d’euros. Cela veut-il dire que l’on n’aura plus la possibilité d’investir dans la santé, que l’on doit se préparer à une législature d’austérité ?  “D‘abord, le chiffre de 2 milliards et demi, c’est pour éviter une détérioration, précise Alexia Bertrand.Mais il va falloir même faire plus. On ne peut pas se contenter d’éviter que la situation se dégrade. On est obligé, vu le déficit que l’on a, d’améliorer la situation.

Il y a aujourd’hui une norme de croissance de 2,5% pour les soins de santé, censée notamment répondre à l’augmentation des besoins en raison du vieillissement de la population. Cette norme vient aujourd’hui au-dessus de l’indexation. Selon la Secrétaire d’État au Budget, il est important de maintenir une telle norme pour continuer à investir, mais le taux de 2,5% n’est peut-être plus justifié aujourd’hui.

Un rabotement a déjà été fait par le passé, et je pense que personne n’a vu une différence chez son médecin généraliste. En réalité, d’ailleurs, au cours de cette législature-ci, quand vous voyez le nombre de remboursements supplémentaires qu’il y a eu en ce qui concerne les lunettes, ou en ce qui concerne les jeunes, on a continué à investir. Et pourtant, on a diminué la norme de croissance l’année dernière“, illustre-t-elle.

“Mais à nouveau, l’idée n’est pas de toucher aux droits des patients. L’idée n’est pas de désinvestir, mais de d’abord faire plus de prévention, puis de s’attaquer à la surconsommation. Travailler de manière plus efficace entre les hôpitaux, continuer à travailler sur les réseaux et regarder ce que l’on peut faire dans tous ces domaines.

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Une interview d’Alexia Bertrand (Open VLD), Secrétaire d’Etat en charge du budget au sein du gouvernement fédéra au micro de Fabrice Grosfilley dans Bonjour Bruxelles