Le SIAMU largement en sous-effectifs depuis la naissance de la Région

L’administration des pompiers s’est trouvée constamment en sous-effectifs depuis la naissance de la Région bruxelloise. Cela a notamment eu pour conséquence que les marchés publics ont été gérés durant plusieurs années de bout en bout par des officiers pompiers du service opérationnel, est-il ressorti mardi de l’audition de sept membres actuels ou anciens du personnel des pompiers, ayant exercé des fonctions d’encadrement.

Si l’on en croit Francis Boileau, directeur-adjoint du SIAMU jusqu’en 2010, le service était déjà pourvu d’un cadre administratif limité, mais il bénéficiait d’un soutien administratif des services centraux de la dite Agglomération notamment lorsqu’il s’agissait de créer de nouvelles casernes, moyennant des procédures très compliquées.

Toujours selon Francis Boileau, dès les débuts de la Région bruxelloise, les efforts de renforcement de l’administration par la Région ont été très limités. Sur le terrain, la gestion administrative est donc restée, tout au long de son mandat aux mains des pompiers depuis l’établissement de cahiers des charges jusqu’à la livraison de commandes. A ses yeux, on a appliqué le statut des Organismes d’Intérêt Public au SIAMU (ndlr: comme Bruxelles Environnement, Citydev.brussels, la STIB, …) à partir de 1996, gérés par des civils, comme dans une seule des 250 autres zones de secours du pays (ndlr: l’intercommunale liégeoise dirigée par un certain Stéphane Moreau jusqu’en 2005). La question de savoir si ce statut était le bon pour un service qui n’est nullement comparable aux autres reste posée.

Dans ce modèle, “il est difficile de faire vivre ensemble un officier chef de service chargé de protéger la population de sa zone et un directeur civil qui détient les cordons de la bourse“, a ajouté l’ex-directeur adjoint.

Kurt Vermeulen, spécialiste des marchés publics, a implicitement confirmé que tout cela avait eu pour effet de priver la SIAMU de toute structure digne de ce nom pour gérer les marchés publics jusqu’à son arrivée il y a un peu plus d’un an. Kurt Vermeulen a ajouté s’être mis au travail dès son arrivée pour établir une check-list, une procédure et donner des formations en la matière. Actuellement, les pompiers opérationnels transmettent les spécificités techniques des besoins. Le spécialiste des marchés publics gère quant à lui la préparation du cahier des charges et s’occupe des incidence budgétaires.

Selon Francis Boileau, en matière de manque d’effectifs administratifs, “l’explication se trouve tout de même un peu du côté de l’autorité politique. Quand un pompier demande un renforcement administratif, cela passe au second plan. C’est comme dans les zones de police: on veut du bleu sur les trottoirs. Chez les pompiers, on était contraint d’embaucher des pompiers et pas de l’administratif car un pompier cela éteint un feu et les détails administratifs cela passe au deuxième plan“. L’actuel directeur du personnel John Baert, en service depuis avril 2015, a toutefois fait état d’une manoeuvre de rattrapage en cours, qui s’amplifie depuis deux ans et devrait être prolongée au moins jusqu’à l’an prochain. Le règlement de travail réclamé à cor et à cri par les pompiers depuis des années devrait être prêt d’ici l’été.

Les membres de la commission spéciale du parlement bruxellois chargée de se pencher sur la gestion des marchés publics au sein du corps des pompiers bruxellois ont notamment entendu mardi un ancien directeur général-adjoint; un ex-responsable financier et comptable; un juriste et un spécialiste des marchés publics engagés il y a un an; le directeur des ressources humaines et le responsable du service interne de prévention.

Belga