Sébastien Roy (Samusocial) : “Les réfugiés palestiniens sont trois fois victimes : de la guerre, de l’Europe et de l’Etat belge”

Le Samusocial alerte, dans une carte blanche, sur les conditions d’accueil des réfugiés palestiniens.

Dans une carte blanche publiée lundi, le Samusocial alerte, aux côtés d’autres acteurs, sur la crise de l’accueil, et notamment les conditions d’accueil des réfugiés palestiniens. À Bruxelles, les équipes indiquent être proches du point de rupture : “on est tombé dans le piège qu’on redoutait tous : un double standard par rapport à ce qui avait été développé au moment de la crise ukrainienne. La crise ukrainienne est un exemple assez positive en matière de modalités d’accueil mises en place, elle a été assez innovante et on a ouvert des structures (…) mais on tire peu les leçons de cette crise, puisqu’aujourd’hui on est incapable de renouveler l’expérience avec d’autres victimes de conflits, et les Palestiniens en sont un très bon exemple“, explique ainsi Sébastien Roy, directeur général du Samusocial.

Ces réfugiés palestiniens devraient être accueillis par l’Etat fédéral, selon la loi accueil, mais la secrétaire d’Etat assume de manière audible qu’ils ne sont plus capables d’accueillir les hommes depuis quelques années : l’Etat ne respecte pas ses obligations légales, et les conventions qu’il a signé (…) L’Etat fédéral assume son choix d’être hors-la-loi“, ajoute Sébastien Roy, qui pointe aussi “la fatigue des travailleurs qui doivent assumer les conséquences des choix de l’Etat fédéral : comme il n’y a plus de structure fédéral à même d’accueillir ces hommes, ces personnes tombent dans le dernier filet de sécurité à Bruxelles, qui est la Samusocial“.

Et de dénoncer le fait que leurs centres “ne sont pas adaptés pour accueillir un public multi-traumatisé comme le sont les réfugiés palestiniens aujourd’hui. Ce sont des chambres communes avec des lits superposés, des cantines communes. On n’est pas équipé en personne pour du soutien psychologique, on est limité en matière de personnel médical“.

Selon lui, les réfugiés palestiniens sont, en fait, “trois fois victimes : de la guerre, des politiques migratoires restrictives européennes, et de l’Etat fédéral belge qui refuse de les accueillir“, estime Sébastien Roy.

 

■ Interview de Sébastien Roy, directeur général du Samusocial dans Le 12h30