Schaerbeek: rassemblement de prostituées en souvenir d’Eunice, tuée de plusieurs coups de couteau
Quelques dizaines de personnes, des femmes majoritairement, se sont réunies mercredi entre 11H00 et 12H00, rue Linné à Schaerbeek, en hommage à Eunice, une prostituée nigériane tuée à l’âge de 23 ans de plusieurs coups de couteau à cet endroit dans la nuit du 4 au 5 juin 2018.
Des bougies ont été allumées devant sa vitrine. Des fleurs ont été déposées au pied de sa photo. De nombreuses prostituées portaient des masques blancs pour ne pas laisser voir leurs visages. Des discours ont été prononcés. “On n’oublie pas cette jeune femme de 23 ans qui était ici en Belgique pour faire vivre sa famille“, a souligné Marie, porte-parole du collectif Utsopi (Union des Travailleuses du Sexe organisées pour l’Indépendance).
Elle a fait valoir lors des discours que “se souvenir d’Eunice, c’est se souvenir des conditions qui ont rendu son meurtre possible, c’est faire partie d’une même lutte, une lutte dont Eunice faisait partie… Nous sommes ici pour dénoncer nos agressions, nos viols, nos meurtres”. Elle pointe au nom du groupe l’absence de dialogue avec le bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode Emir Kir alors que des réunions sont organisées de manière régulière par les autorités communales de Schaerbeek pour améliorer les conditions de vie.
Elle dépeint un tableau assez noir de la situation qui en résulte: “Le quartier est coupé en deux. Du côté de Schaerbeek, c’est plutôt propre et les filles peuvent travailler normalement. Quand vous passez sur Saint-Josse, vous voyez des vitres cassées, des endroits sales, le quartier est laissé à l’abandon, les filles reçoivent des oeufs et de la farine, elles se font insulter, il y a des deals à tous les coins de rue… Il a fallu 16 jours pour recevoir les condoléances d’Emir Kir après le meurtre d’Eunice. Il n’a pas de respect pour nous. Il dit ouvertement qu’il ne veut pas de nous“.
Belga
• Reportage de Catarina Letor et Charles Carpreau