Santé mentale : un budget alloué pour 19 nouvelles unités de soins spécialisés

Des soins plus précoces et plus accessibles, mais aussi une prise en charge des malades en crise, c’est ce que préconise la réforme de la santé mentale. Pour ce faire, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) finance 19 nouvelles unités de soins spécialisés.

La souffrance psychologique est plus présente que jamais dans notre société, or la santé mentale a longtemps été peu considérée. Suite aux confinements à répétition, les cas d’épidémies de burn-out, l’écoanxiété ou encore les détresses émotionnelles ont explosés.   En conséquence de quoi, les services concernés sont saturés toute l’année, les temps d’attente sont longs, particulièrement à Bruxelles.

De plus, l’hospitalisation sous contrainte est en hausse régulière : pour 5.800 par an en 2005, elle est aujourd’hui de plus de 9 000 en 2022. Soit une hausse de 50 % en 18 ans.  En Belgique, une personne sur trois est confrontée à un problème de santé mentale au cours de sa vie.

Le pays compte plus de 11 000 places d’hospitalisation en psychiatrie, soit 100 lits pour 100.000 habitants. C’est un des taux les plus élevés dans le monde. Mais la répartition géographique est inégale. On ne trouve « que » 600 lits à Bruxelles alors que la région compte 1,2 million d’habitants et qu’elle accueille aussi des malades wallons ou flamands.

Ce que remarque Caroline Depuydt, responsable du service psychiatrique à la clinique Fond’roy. Dans mon hôpital, l’entièreté de nos lits sont pleins, on n’a pas une place et les listes d’attente vont jusqu’à 2,3 mois. À Bruxelles, on accueille aussi la plupart des réfugiés, il y a une population de SDF importante, car c’est un centre urbain. On accueille jusqu’à 30% de personnes qui viennent d’en dehors de Bruxelles. Avec l’ensemble de ces populations, on voit qu’on a des besoins de soins plus importants que le bassin bruxellois.”

200 millions d’euros pour réformer la santé mentale

L’objectif est de passer d’un modèle hospitalo-centré à un modèle axé sur la prévention et la détection précoce des problèmes, mais aussi l’accessibilité financière, la proximité et la collaboration entre acteurs de terrain. Niveau infrastructures, les chambres et leur mobilier sont adaptés pour que l’environnement paraisse moins médicalisé.

Pour ce faire, une vingtaine de réseaux de soins de santé mentale ont été créés récemment. Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke prévoit une enveloppe de 15 millions d’euros pour la création d’unités de soins intensifs psychiatriques afin de diminuer les restrictions de liberté ainsi que le temps d’hospitalisation et les listes d’attente.  “Il faut pouvoir offrir un réseau qui offre une accessibilité bas seuil. Cela permet aux services hospitaliers qui prennent en charge des pathologies complexes de prendre moins de patients avec le même nombre de personnels” explique Caroline Depuydt. “Aujourd’hui, pour 30 lits, il y a plus ou moins 16 personnes à temps plein. Dans ces services, il y a parfois des situations de crises pour les patients et là, il faut un accompagnement plus serré. L’idée, c’est de pouvoir avoir un encadrement plus important pour un nombre réduit de patients et pouvoir les accompagner de façon plus individualisée via une unité de soins psychiatriques intensifs“.

■ Interview de Caroline Depuydt, responsable du service psychiatrique à la clinique Fond’roy et membre de l’ABSYM.

Anaïs Corbin