Santé et médicaments : “Les femmes sont celles qui ont le plus d’effets secondaires”
Le 28 mai est la journée internationale d’action pour la santé des femmes.
De la prise en charge en passant par le diagnostic, de la pathologie au suivi de soins, les femmes doivent encore faire face à de trop nombreux obstacles et stéréotypes de genre. Les femmes sont souvent prises en charge plus tard, elles sont moins nombreuses à participer aux études médicales et sont plus victimes de dépression que les hommes. Pour tenter de comprendre pourquoi, Anissa D’Ortenzio des femmes prévoyantes socialistes, était l’invitée du 12h30.
Des hommes pris en standard
“Historiquement, on a vu au fil des siècles que ce sont toujours les hommes qui ont été pris en standard“, explique-t-elle, “les femmes étaient pensées à défaut.” Résultat : aujourd’hui quand on fait une étude médicale (pour un vaccin, un médicament) il n’y a que 30 % des patients étudiés qui sont des femmes. “Ce chiffre est débattu entre différents instituts de recherche. Certains trouvent que c’est déjà élevé mais nous, on trouve qu’il y a encore des améliorations à faire. Il faut vraiment prendre en compte l’analyse du sexe et du genre car voit que les femmes sont celles qui ont le plus d’effets secondaires. Des effets secondaires qui sont aussi également plus forts”, souligne Anissa D’Ortenzio.
Mais pourquoi les hommes ont-ils été pris en standard ? Entre autres à cause d’un passé historique lié à des scandales de médicaments. “Des femmes ont eu des enfants avec des malformations à la suite de participation à ces études-là”, explique Anissa D’Ortenzio, “les firmes pharmaceutiques ont donc décidé de complètement arrêter les essais cliniques sur les femmes pour les protéger. Sauf qu’au final on leur donne des médicaments sans savoir les effets concrets des médicaments sur leur vie et leur métabolisme.”
Les femmes plus sujettes à la dépression
Autre point : les femmes sont plus sujettes à la dépression que les hommes. Selon les femmes prévoyantes socialistes, c’est aussi lié aux inégalités sociales. “Il y a certes des facteurs génétiques, mais ils sont moindres par rapport aux facteurs de risques sociaux“, explique Anissa D’Ortenzio. “Il y a la charge mentale mais aussi tout ce qui est lié aux violences et aux discriminations de manière générale.”
Une enquête met en lumière l’ampleur des violences gynécologiques et obstétricales en FWB. Est-ce assez pour mettre les femmes en confiance vis-à-vis du monde médical ? Selon Anissa D’Ortenzio, le fait d’avoir une étude là-dessus en Belgique constitue une “vraie avancée“. Néanmoins, explique-t-elle, “il faut ensuite que ça suive. Il faut que sur le terrain il y ait des pratiques qui prennent beaucoup plus en compte les réalités des femmes.”
En définitive, selon elle, il faut jouer sur plusieurs tableaux. “Il faut donner un maximum d’informations au public, former les médecins, interpeller le monde médical de manière générale et le monde politique”, estime-t-elle. Et ce, pour appliquer une analyse de genre et de sexe à toutes les politiques.