Sans-abri : les règles pour avoir une adresse de référence se durcissent

Le coup de gueule des défenseurs des personnes sans domicile fixe. En cause, une circulaire qui durcit les règles pour obtenir une “adresse de référence”, une adresse administrative (au CPAS ou chez un particulier) grâce à laquelle les sans-abri peuvent recevoir leur courrier et bénéficier de leurs droits (mutuelle, salaire, pensions…). « L’adresse de référence, pour les personnes sans-abris, c’est pouvoir être domicilié quelque part afin d’avoir une carte d’identité valable, même si elle ne paye pas un logement privé », explique Jean Peeters, président du Front commun des SDF.

Cependant, depuis le début du mois de juillet, les règles pour  conserver cette adresse de référence sont devenues beaucoup plus strictes. Après six mois, la personne concernée a deux options : soit partir de là, soit s’y domicilier. « Ou bien vous quittez le logement, mais alors vous vous retrouvez à la rue, vous n’avez plus aucun domicile, plus de carte d’identité, plus de pension, plus d’hôpital… vous n’existez plus. Ou bien vous vous domiciliez chez le particulier. Mais alors vous devenez cohabitant », précise Jean Peeters.

Et c’est bien ce statut de cohabitant qui pose problème. Car les retombées peuvent être lourdes pour le logeur : diminution du chômage ou du revenu d’intégration sociale, changement dans les impôts ou encore partage de dettes. Le secteur parle de conséquences dramatiques. « On est scandalisé, je suis outré ! Il aurait fallu demander l’avis des associations de terrain. Laissez les personnes vivre, et après elles trouveront un logement. Si le gouvernement ne veut plus d’adresses de références, qu’il leur trouve un logement à un prix raisonnable », déplore Jose Parades, membre de l’Union bruxelloise des SDF.

Les associations déplorent en effet le manque de concertation venant du fédéral. Elles ont d’ailleurs pris contact avec des avocats pour aller devant le conseil d’Etat et tenter de faire annuler la nouvelle circulaire.

Reportage Camille Tang Quynh et Frédéric De Hénau.