Saint-Gilles lance un projet massif de végétalisation et d’apaisement du bas du quartier Midi

La commune de Saint-Gilles s’apprête à transformer en profondeur les rues Émile Féron, Joseph Claes et Mérode, ainsi que les abords d’écoles et d’équipements publics. Ce projet, inscrit dans le Contrat de Quartier Durable (CQD) Midi et s’inscrivant dans le cadre du plan de mobilité Good Move, vise à réduire le trafic de transit, sécuriser les rues et augmenter la végétalisation dans un quartier très dense et largement minéralisé. Les travaux devraient s’étendre jusqu’en 2029.

Le bas de Saint-Gilles, également appelé “le fond de la vallée”, présente un tissu urbain dense avec une forte minéralisation et peu d’espaces verts. Selon les données de Bruxelles Environnement, seulement 16 % des surfaces sont végétalisées dans ce secteur, bien en dessous de la valeur médiane régionale de 52,4 %.

Les rues du quartier servent de voies de transit entre la gare du Midi et le haut de Saint-Gilles, générant un trafic motorisé rapide et bruyant. Les rues Féron et Mérode sont particulièrement touchées, avec des vitesses élevées et un inconfort quotidien pour les habitants. Ce trafic contribue également à l’effet d’îlot de chaleur urbain et à des risques d’inondation, certains bâtiments, notamment des caves, étant régulièrement touchés lors de fortes pluies.

Le quartier subit en outre des tensions sociales, liées à la présence de la drogue et du sans-abrisme à proximité de la gare, et certains résidents expriment une crainte de gentrification avec la transformation du quartier.

Un modèle inspiré des “superblocs”

Pour répondre à ces enjeux, la commune s’inspire du concept des superblocs de Barcelone, en créant des mini-superblocs qui limitent le trafic de transit entre deux îlots.

L’axe de la rue Émile Féron sera transformé en plateau végétalisé, qui se pousuivra en corridor entre la Porte de Hal et l’avenue du Roi. La rue fonctionnera également comme collecteur naturel d’eaux pluviales, capable de tamponner les eaux de la rue et des toitures environnantes. Des micro-dispositifs hydrauliques (puits, pompes, fontaines) permettront de réutiliser l’eau. Les plantations formeront une canopée dense réduisant l’effet d’îlot de chaleur.

La rue Joseph Claes sera elle destinée à devenir une rue résidentielle apaisée. Elle sera traitée en plateau avec des pavés en terre cuite à joint ouvert pour favoriser l’infiltration et le refroidissement. Des zones de verdure et des placettes permettront aux habitants de s’approprier l’espace et de créer des interactions sociales. Le système de gestion des eaux pluviales en cascade permettra de stocker des quantités d’eau assez importantes. 

Enfin, dans la rue de Mérode, les interventions se concentreront autour des équipements publics pour casser la linéarité, réduire la vitesse et sécuriser les abords d’écoles par des plateaux et trottoirs élargis.

Gestion du stationnement et mobilité active

La commune prévoit une réduction ciblée des places de stationnement, indispensable, selon eux,  pour créer des zones de pleine terre et sécuriser les cheminements piétons. Selon les relevés 2022 du Bureau de Recherche en Aménagement du Territoire et Stratec, le taux de motorisation dans le périmètre concerné est de 32 %. Le quartier dispose également d’un potentiel de mutualisation du stationnement avec 1.206 places hors voirie, dont 960 privées et 250 publiques, plus les parkings de la Gare du Midi et de la Porte de Hal.

La rue Émile Féron sera renforcée comme axe cyclable nord-sud, sécurisé et compatible avec les futurs aménagements apaisés. Le projet veut ainsi favoriser le partage de l’espace entre piétons, cyclistes et véhicules.

Végétation, climat et biodiversité

Le projet prévoit de repenser les rues et espaces publics à travers la création de larges bandes végétalisées, d’environ quatre mètres, aménagées de façon asymétrique et plantées en quinconce. Ces espaces ne seront pas de simples massifs décoratifs : ils accueilleront des stationnements à joints enherbés, des aires de jeux, des équipements sportifs et des zones de fraîcheur rendues possibles grâce à l’évapotranspiration des plantes.

Le choix des végétaux s’inspire directement du biotope local, avec des essences capables de résister aussi bien aux épisodes de sécheresse qu’aux inondations. Dans les rues principales, les plantations s’inspireront des forêts de frênes et de chênes pédonculés, tandis que les rues transversales accueilleront des espèces adaptées aux terrains en pente et aux zones plus humides.

Les abords des écoles et des bâtiments publics deviendront quant à eux de véritables archipels verts : des parvis transformés en réservoirs naturels pour l’eau de pluie, favorisant son stockage, son infiltration et l’alimentation des plantations. Une partie des surfaces imperméables sera ainsi remplacée par des sols perméables, renforçant la capacité du quartier à faire face aux aléas climatiques et à mieux respirer en été.

Budget et calendrier

Le projet s’étend jusqu’en 2029 et mobilise un budget de plusieurs millions d’euros, financé par la Région, la commune et le Contrat de Quartier Durable. Le permis d’urbanisme est actuellement à l’enquête publique.

Rédaction –  Crédit images et plans : BIOS ATELIER + VVV avec Osmos, BRAT

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