Retour sur l’histoire du Palace, qui renoue avec sa vocation première

L’annonce de la réouverture du cinéma Palace le 28 février prochain et la présentation de son projet culturel lundi appelle un retour sur le passé de cette bâtisse art nouveau, riche de plus d’un siècle d’histoire.

C’est en 1881 que l’hôtel des ventes de la Ville de Bruxelles sort de terre au 85 du boulevard Anspach. En forme de “Y”, l’oeuvre d’Albert Dumont présente une façade “riche” en devanture et deux façades “retenues” donnant sur les petites rues Van Praet et Borgal, qui coupent le boulevard.

En 1913, la société Pathé, fondée par les frères Charles et Émile Pathé en France et pionnière dans la distribution cinématographique, confie la réalisation d’un complexe de divertissement polyvalent basé sur le modèle des théâtres à l’italienne à Paul Hamesse, disciple du maître de l’art nouveau géométrique Paul Hankar. Le bâtiment est alors couronné du célèbre coq de l’entreprise, qui peut s’enorgueillir de surplomber le plus grand cinéma de la ville avec ses 2.500 places et de la réputation que lui vaut l’opulence de son décor.

Modernisation

Le cinéma subit diverses modifications jusqu’à sa fermeture en 1973. Il connaît notamment l’arrivée du cinéma parlant et les transformations qu’il dicte, à savoir l’installation de haut-parleurs, la disparation de l’emplacement de l’orchestre au bénéfice de rangées de sièges supplémentaires et le recouvrement des murs avec des matériaux pour revoir l’acoustique. Dans les années 50, l’architecte Rie Haan démolit la plupart des salles à l’italienne pour répondre à la demande de la société Pathé de moderniser les lieux et transforme par ailleurs des espaces en commerces et logements.

Après sa fermeture, le cinéma connaît 41 ans d’affectations détournées, notamment avec l’implantation d’un showroom de Bauknecht et l’ouverture du Pathé Palace Café en 1994.

Les trois façades et le foyer Hamesse, vestige de 1913, sont classés en 1998 par la Commission royale des Monuments et Sites. En 1998, le lieu redevient cinéma au travers du projet Kladaradatsch !, mais la clé est quelques années plus tard mise sous la porte pour faillite. La Communauté française rachète le bâtiment en 2001, ce qui permet au théâtre national de Belgique d’en faire ses quartiers jusqu’en 2004.

Un nouveau projet des frères Dardenne

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L’ASBL Le Palace remporte l’appel à projet pour la réaffectation du lieu en 2004. L’association est portée notamment par les frères Dardenne, Patrick Quinet d’Artemis Productions, Eliane Du Bois et Stéphane De Potter (Cinéart-Cinélibre), Nicole La Bouverie (Zénab) et la réalisatrice Fien Troch. La mise en œuvre du chantier est reportée durant plusieurs années, le temps de réunir les subsides nécessaires pour réaliser complètement le projet initial et ne pas renoncer en route à une salle de cinéma.

Les travaux débutent en 2012 sous la direction de l’architecte Alain Richard. Il a tenu à mettre en perspective les couches historiques pour provoquer un dialogue entre les époques. En offrant un espace d’expression au plasticien Pierre Toby, la cellule Architecture de la Fédération Wallonie-Bruxelles intègre de plus la création artistique au coeur du complexe. Une rupture de canalisation d’eau dans un bâtiment voisin a retardé la pose du revêtement de sol et a repoussé en conséquence l’ouverture.

Le lieu ouvrira finalement ses portes au public le 28 février prochain, fort de plus de 650 places réparties dans quatre salles et d’un espace horeca situé en face de la Bourse.

Belga