“Réparer les femmes”, un livre poignant qui traite du viol comme arme de guerre à l’Est du Congo

“Partout, dans le monde, une personne de sexe féminin anesthésiée sur un billard est appelée une patiente, ici, nous l’appellerons une victime”, c’est l’une des premières phrases du livre “Réparer les femmes”, qui traite de chirurgie réparatrice pour les survivantes dans l’Est du Congo. Guy-Bernard Cadière, co-auteur du livre, était l’invité du 12h30.

Ce livre, paru en 2019, raconte l’aventure de deux hommes, Guy-Bernard Cadière et Denis Mukwege, qui ont uni leur destin pour secourir des milliers de femmes et jeunes filles, victimes de violences sexuelles dans l’est de la République démocratique du Congo. Le premier est aujourd’hui le chef du service de chirurgie digestive de l’hôpital Saint-Pierre, et est devenu malgré lui, un des spécialistes du traitement des mutilations génitales.

“Ces femmes, on les appelle les survivantes. Car elles ont réussi à arriver vivantes à l’hôpital. Elles se font violer dans les villages et doivent venir avec leur appareil génital mutilé à pied. Quand elles arrivent sans être morte, c’est déjà un succès”, témoigne le chirurgien.

Malgré toutes les horreurs auxquelles il a pu assister, il refuse d’imaginer que certains humains seraient des monstres, et d’autres des héros. “Il y a un mélange qui s’exprime parmi les gens, et qui dépend du système dans lequel ils vivent”, rajoute Guy-Bernard Cadière.

Stratégie de guerre

En l’occurence, les terres attaquées au Congo, possèdent de nombreuses matières précieuses, comme de l’or ou du cobalt, c’est donc une région très convoitée. “Tout le monde vient la piller, et les assaillants veulent maintenir un chaos, et malheureusement, les bandes armées utilisent le viol comme arme de guerre”, rajoute-t-il.

Le viol serait selon lui, une stratégie de guerre, bien moins chère que les armes conventionnelles, avec pourtant le même impact. “Cela contribue à réduire l’ordre social, une femme violée va enfanter, si elle le peut, un enfant serpent (avec l’ennemi), les habitants quittent leurs villages, terrorisés”.

► Interview de Guy-Bernard Cadière, co-auteur du livre “Réparer les femmes”, au micro de Jim Moskovics et Adeline Bauwin.