RAPOL’OG : Ninho, le Johnny de sa génération
C’était sans doute l’événement rap le plus attendu de cette fin de saison : la sortie du nouvel album de Ninho, “NI”, ce vendredi 30 juin dernier. La team RAPOL’OG était également présente au showcase privé organisé juste un jour avant la sortie de l’album à Paris.
Après le succès de “Jefe” sorti au mois de décembre 2021, certifié triple disque de platine et sur lequel il n’avait invité aucun artiste, Ninho revient avec “NI”, un album aux teintes nostalgiques et sur lequel on retrouve quatre featurings avec des artistes internationaux.
Le rappeur de 27 ans avait dévoilé son album, “NI”, en exclusivité à Paris, lors d’un showcase privé à “La Seine musicale”
Un coup marketing à la pointe de la technologie
Pour pouvoir assister à ce concert « privé », il fallait précommander l’album. Son public avait ensuite la possibilité d’acheter un t-shirt (50 euros) ou un pull (80 euros) contenant une puce NFC qui permettait d’accéder à la salle parisienne.
En tout, ce sont plus de 5.000 fans qui se sont ammassés dans la fosse de “La Seine musicale” vétus de leur t-shirt blanc. Un joli coup marketing pour le Jefe du rap game. Pour sa demi-heure de show, Ninho a fait vibrer la foule au son de ses classiques mais aussi de morceaux inédits du nouveau projet.
Ninho, le Johnny de sa génération
“La vie de Johnny”, est le titre qui ouvre le bal et qui donne le ton de cet album qui se veut plus introspectif.
Ce morceau sonne comme une rétrospective de sa vie, du chemin qu’il a parcouru jusqu’à aujourd’hui et truffé d’anecdotes personnelles touchantes. Poétiquement, il nous raconte comment, parti de rien, il vit aujourd’hui, la vie de Johnny, tout en Gucci. Un parallèle avec Johnny Halliday, qu’il peut se permettre, lui qui bat tous les records. En effet, Ninho est l’artiste français comptant le plus de singles certifiés, avec 110 singles d’or, 46 singles de platine et 20 singles de diamant.
Un projet avec des collaborations internationales et des ambiances variées
“NI”, un projet de 16 titres dont quatre featurings avec des artistes internationaux. Le titre “No love” en featuring avec la sensation nigériane Ayra Starr, Ninho y chante l’amour à sa façon sur des sonorités Afro. Toujours au Nigeria, Ninho signe un featuring avec Omah Lay sur le morceau “Bad”. Du côté des States, c’est sur le morceau “Blu story” que Ninho collabore avec le rappeur Lil Baby. Enfin, “Eurostar”, de Paris à Londres, il n’y a qu’un feat, un morceau avec Central Cee, le londonien qui cartonne. Sur fond de saxophone, les deux artistes se font la passe du français à l’anglais.
Dans ce projet, on retrouve ce savant mélange de mélo et de rap kické dont Ninho a le secret. Les amateurs de rap pur et dur seront donc comblés avec des morceaux tels que “Yo moko o yebi” ou encore “Branché sur snap”. Les mélomanes se réjouiront quant à eux d’un titre comme “Dans la peau”.
Plusieurs échos à la mort de Nahel dans sa musique
Dans le clip de “25G”, les fans de l’artiste de 27 ans ont notamment fait un rapprochement entre l’enterrement présent au début du clip et les événements survenus en France depuis la mort de Nahel.
Une autre image troublante dans ce clip, il y a aussi la présence d’une voiture sportive jaune qui fait forcément écho au véhicule dans lequel ce jeune de 17 ans se trouvait lors du contrôle routier mortel du 27 juin.
Mais au-delà des parallèles avec cette chanson qui évoque aussi des contrôles de police et des émeutes, les fans n’avaient pas manqué de ressortir le morceau “Prêt à partir” du rappeur marseillais, SCH.
Morceau dans lequel le deuxième couplet de Ninho faisait justement référence aux émeutes de 2005 liées à la mort de Zyed et Bouna, alors qu’ils tentaient d’échapper à un contrôle de police à Clichy-sous-Bois. « Ils veulent pas qu’ça brûle comme en 2005, pourtant, ils font les mêmes erreurs », dit-il en référence à ces deux adolescents qui étaient également devenus malgré eux des symboles de violences policières en France.
Et comme il est de coutume sur internet, les amateurs de théories du complot en tout genre y trouvent de quoi se délecter et alimenter leur tweets. Pour eux, c’est sûr, tous ces éléments ne seraient pas de simples coïncidences, mais bel et bien des preuves que les événements de ces derniers jours étaient prévus. Par qui, la question reste en suspens.
Loin d’être un artiste politisé ou encore un devin, son rap est simplement le reflet de la réalité dans laquelle il a grandi. Ce que nous voyons dans ces similitudes c’est simplement un artiste qui comprend pleinement les préoccupations de sa génération et qui rappe la révolte de cette jeunesse qui craque sous le poids de trop d’injustice.
Queeny Arickx – Photo Rapol’OG