Procès des attentats de Bruxelles : voici le verdict pour chaque accusé

C’est donc au terme d’un peu plus de cinq heures de lecture que le procès des attentats du 22 mars 2016 s’est terminé, du moins sur le volet de la culpabilité des accusés. Après une pause en août nécessaire pour toutes les parties, le débat sur les peines débutera le 4 septembre à 9h.

Voici les verdicts, pour les dix accusés :

Oussama Atar, commanditaire

Sans grande surprise, Oussama Atar a été reconnu coupable mardi d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste lors des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. À l’issue de sa longue délibération, le jury de la cour d’assises a également reconnu l’homme, qui était jugé par défaut puisque présumé mort en Syrie, comme étant le dirigeant de l’organisation terroriste à l’origine des attaques.

Dans sa motivation, le jury a retenu que l’accusé avait côtoyé, lors de son emprisonnement en Irak entre 2005 et 2012, les futurs grands pontes de l’État islamique Abou Bakr al-Baghdadi et de Mohamed al-Adnani. À son retour en Belgique, l’homme est radicalisé et exerce une forte influence sur ses cousins, les frères Ibrahim et Khalid El Bakraoui, les futurs kamikazes de Zaventem et Maelbeek, qu’il va visiter de nombreuses fois en prison.

Le jury a également considéré que le rôle de commanditaire d’Oussama Atar transparaissait dans ses échanges avec les kamikazes de la cellule bruxelloise, en particulier avec Najim Laachraoui. Ce dernier enregistre en effet des fichiers audio dans lequel il apporte des réponses aux questions de celui qu’il appelle son “émir”, Abou Ahmed. Or les éléments du dossier ont prouvé, selon les jurés, que ce nom de guerre était bien celui d’Oussama Atar.

Ali El Haddad Asufi, coupable des trois charges d’accusation

Ali El Haddad Asufi, qui clamait son innocence, a bien participé aux attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, a tranché mardi le jury chargé de juger ces attaques qui ont fauché 35 vies et blessé des centaines de personnes à Zaventem et Maelbeek.

Le jury de la cour d’assises a donc reconnu le Belgo-Marocain coupable d’assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste. Pour les 12 jurés, l’homme a également participé aux activités d’un groupe terroriste. Cette décision est conforme aux réquisitions du parquet fédéral, qui avait demandé qu’Ali El Haddad Asufi soit reconnu coupable de tous les chefs d’accusation retenus à son encontre. Pour les procureurs, l’accusé de 38 ans servait de chauffeur à son ami, le kamikaze Ibrahim El Bakraoui, qu’il savait radicalisé. Le ministère public le plaçait aussi dans l’appartement de la rue Max Roos la veille des attentats, pour y récupérer la clé USB contenant les audios – dont des testaments – enregistrés par Ibrahim El Bakraoui. Ali El Haddad Asufi aurait donc aussi vu les explosifs en préparation dans la planque.

Salah Abdeslam coupable des trois charges d’accusation…

Le jury de la cour d’assises de Bruxelles a estimé mardi, à l’issue de sa longue délibération, que Salah Abdeslam était co-auteur des attentats du 22 mars 2016 et qu’il est donc, à ce titre, coupable d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste. Et ce malgré, comme ses avocats et lui l’avaient plaidé, qu’il se trouvait en prison le jour des attaques. Pour les jurés, le Français a par ailleurs bien participé aux activités d’une organisation terroriste, une prévention pour laquelle il était en aveux.

Pour les procureurs, au lendemain des attaques à Paris du 13 novembre 2015, l’accusé français de désormais 33 ans avait sciemment rejoint la cellule terroriste à l’origine des attentats du 22 mars 2016 et fourni une “aide essentielle” à la préparation des attaques. Une affirmation que contestaient les conseils de Salah Abdeslam.

Déçue du verdict, la défense de Salah Abdeslam “envisagera peut-être” d’aller en cassation

…contrairement à Sofien Ayari

Le jury de la cour d’assises de Bruxelles a considéré que Sofien Ayari n’avait pas pris part aux attentats du 22 mars 2016 perpétrés à l’aéroport de Zaventem et dans la station de métro Maelbeek, ressort-il de l’arrêt rendu mardi au Justitia. Les 12 jurés ont dès lors acquitté le Tunisien pour les chefs d’assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste.

Par contre, le compagnon de cavale de Salah Abdeslam après la fusillade de la rue du Dries à Forest, le 15 mars 2016, est bien coupable de participation aux activités d’un groupe terroriste.

Fait étonnant, le jury a estimé que Salah Abdeslam était, lui, coupable sur toute la ligne, donc non seulement de participation, mais aussi d’assassinats et tentatives d’assassinat terroristes.

Abrini coupable sur toute la ligne…

Mohamed Abrini a été reconnu coupable, mardi, d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste par le jury de la cour d’assises chargée de juger les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Pour les jurés, “l’homme au chapeau”, qui était en aveux après avoir renoncé à se faire exploser à l’aéroport de Zaventem le jour des faits, est bien co-auteur des attaques et a en outre bien participé à une organisation terroriste.

…tout comme Osama Krayem, qui n’aura pas dit un mot du procès

Tout comme Mohamed Abrini, Osama Krayem a été reconnu coupable, mardi, d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste par le jury de la cour d’assises chargée de juger les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. Pour les jurés, le Suédois, lui aussi en aveux après avoir renoncé à se faire exploser dans le métro bruxellois le jour des faits, est co-auteur des attaques et membre d’une organisation terroriste.

La défense de l’accusé, qui s’est distingué par son mutisme et ses absences très régulières lors de ce procès, ne contestait pas sa culpabilité. Osama Krayem “se sait tellement coupable qu’il en a perdu les mots”, avait expliqué son avocate, Me Jane Peissel, pour justifier cette attitude.

Bilal El Makhoukhi, recruteur triplement coupable

Bilal El Makhoukhi a été reconnu coupable, mardi, d’assassinats et tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste pour les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, qui ont fait 35 morts et des centaines de blessés. Le jury a également considéré que l’homme avait participé aux activités d’un groupe terroriste. Les 12 citoyens ont donc écarté la thèse du crime de guerre, en rapport aux bombardements lâchés en Syrie par la coalition internationale, comme le plaidait la défense.

Le jury a retenu que Bilal El Makhoukhi avait des contacts réguliers avec le futur kamikaze Khalid El Bakraoui et avait constaté que ce dernier se dissimulait. L’accusé a également accepté d’aider la cellule terroriste de Bruxelles à la demande de Najim Laachraoui, qui se fera exploser à Zaventem le 22 mars 2016.

Les 12 jurés ont estimé que le Belgo-Marocain avait eu un rôle de recruteur, notamment en intégrant la personne identifiée comme Amine dans le dossier à la cellule bruxelloise. Il a également été l’intermédiaire avec son co-accusé et ami Hervé Bayingana Muhirwa pour que ce dernier héberge Osama Krayem et Mohamed Abrini. De plus, Bilal El Makhoukhi s’est rendu dans l’appartement de la rue Max Roos à Schaerbeek où était confectionné le TATP. Son ADN a d’ailleurs été retrouvé dans la planque.

Hervé Bayingana Muhirwa, membre de la cellule sans avoir participé aux attaques

Hervé Bayingana Muhirwa, qui avait logé deux terroristes désignés kamikazes dans son appartement avant et après les attentats, n’a pas participé aux attentats du 22 mars 2016 perpétrés à Zaventem et Maelbeek, a conclu mardi le jury de la cour d’assises de Bruxelles. Les 12 jurés ont en revanche reconnu le Belgo-Rwandais de 38 ans coupable de participation aux activités d’un groupe terroriste, le considérant comme membre de facto de la cellule à l’origine des attaques qui ont fait plus de 35 morts et des centaines de blessés.

Par cette décision, le jury a rejeté la requalification des faits en recel de criminels, comme plaidé par la défense, qui espérait ainsi une peine plus légère pour son client si sa culpabilité était établie. Lors de sa plaidoirie, la défense avait assuré que, si l’hébergement offert par Hervé Bayingana Muhirwa à ses co-accusés Osama Krayem et Mohamed Abrini était indéniable, il s’agissait également du seul fait qui puisse être retenu à l’encontre du Belge d’origine rwandaise, puisque rien ne permettait d’affirmer que l’homme était au courant du projet d’attentats.

Les frères Farisi blanchis

À son grand soulagement, Smail Farisi a été acquitté mardi par le jury de la cour d’assises de Bruxelles de tous les chefs d’accusation qui planaient sur lui au procès des attentats du 22 mars 2016. Il n’a donc rien à se reprocher quant aux 35 assassinats et centaines de tentatives d’assassinat terroristes perpétrés ce jour-là à l’aéroport de Zaventem et dans la station de métro Maelbeek. Il n’était pas non plus membre de la cellule djihadiste qui a ensanglanté la capitale, ont jugé les 12 citoyens.

Ces derniers ont donc acquitté l’Anderlechtois de ces trois chefs d’accusation, le blanchissant sur toute la ligne.

Smail Farisi blanchit, “Je tiens à remercier tous les juges”

Il l’attendait, son vœu est enfin exaucé : Ibrahim Farisi est un homme complètement libre depuis ce mardi soir. Après plus de sept ans d’attente, l’homme de 34 ans, qui comparaissait libre devant la cour d’assises de Bruxelles, a été acquitté du chef de participation aux activités d’un groupe terroriste, le seul pour lequel il était poursuivi dans le dossier des attentats du 22 mars 2016.

Ibrahim Farisi avait aidé son frère à vider l’appartement sous-loué par son frère Smail aux kamikazes Ibrahim et Khalid El Bakraoui. Les 23 et 25 mars 2016, Ibrahim et Smail Farisi avaient évacué du studio de l’avenue des Casernes, à Etterbeek, tous les objets qu’il contenait, notamment les matelas sur lesquels ont dormi les frères El Bakraoui et l’accusé Osama Krayem. Parmi ces objets, le sac à dos de ce dernier, qui contenait la deuxième bombe destinée à la station Maelbeek, avait aussi été jeté. Le 22 mars après avoir renoncé à mourir dans le métro, le terroriste suédois était rentré à l’appartement et y avait vidé sa bombe dans la salle de bain.

> Reportage de Camille Tang Quynh, Charles Carpreau et Laurence Paciarelli

Belga, image Belga

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26 juillet 2023 - 13h35
Modifié le 26 juillet 2023 - 15h56