Procès des attentats de Bruxelles : l’audience est suspendue pour la journée, le calendrier sera revu
Les avocats de la partie civile poursuivent ce lundi leurs plaidoiries au procès des attentats du 22 mars 2016.
Comme ils l’ont fait jusqu’à présent, ceux-ci présenteront devant la cour d’assises de Bruxelles les éléments de culpabilité qu’ils estiment que le jury doit retenir à l’encontre des accusés. Ils évoqueront également des cas particuliers de victimes dont ils représentent les intérêts personnels dans ce procès.
Me Sébastien Delhez, Me Marion de Nanteuil, Me Laura Jouveneau et Me Gyllen Kiabu débuteront lundi matin en présentant les éléments de culpabilité concernant l’accusé Ali El Haddad Asufi. La partie civile a déjà annoncé s’aligner sur le réquisitoire du parquet fédéral et demandera donc de reconnaître cet accusé coupable de participation aux activités d’un groupe terroriste, ainsi que d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste.
Me Olivia Venet leur succédera à la barre pour évoquer le cas de Bilal El Makhoukhi. De même, la partie civile n’a pas fait de mystère sur sa demande. Elle s’aligne sur le réquisitoire du parquet fédéral, qui sollicite la culpabilité de cet autre accusé pour les trois mêmes préventions que le précédent.
Cet après-midi, Me Aline Fery fera le même exercice, cette fois concernant l’accusé Hervé Bayingana Muhirwa. La partie civile estime, comme le parquet fédéral, qu’il doit être reconnu coupable des préventions pré-citées.
C’est ensuite Me Pierre Monville qui évoquera le préjudice subi par la Stib, la société de transports en commun bruxellois. Enfin, trois voire quatre autres avocats, dont Me Tom Bauwens, évoqueront les cas particuliers de victimes qu’ils représentent.
►Tout nos articles sur le procès des attentats de Bruxelles
11h34 : Pour la partie civile, Ali El Haddad Asufi connaissait les intentions de la cellule
L’accusé Ali El Haddad Asufi, “grand ami” du kamikaze Ibrahim El Bakraoui, ne pouvait ignorer le projet d’attentat de la cellule djihadiste responsable des attaques à Maelbeek et Zaventem, le 22 mars 2016, a plaidé la partie civile lundi devant la cour d’assises de Bruxelles.
L’accusé et celui qui se fera exploser le premier à l’aéroport, le matin du 22 mars, se sont rencontrés sur les bancs de l’école, à l’institut René Catigny d’Ixelles. Plus tard, Ali El Haddad Asufi rendra 41 visites en prison à son ami, condamné pour grand banditisme, a souligné Me Laura Jouveneau. Les deux hommes se téléphonaient en outre quotidiennement. Entre le 1er juin 2015 et le 22 mars 2016, ils ont échangé 261 contacts en 264 jours, a pointé la partie civile. “Ali El Haddad Asufi appelait plus souvent Ibrahim El Bakraoui que sa maman. Mesdames et messieurs les jurés, qui appelez-vous autant ?”
L’accusé reconnaîtra avoir “quelques soupçons mais rien de concret” quand il conduit à l’aéroport en juin 2015 son ami, qui tente de se rendre en Syrie, a poursuivi la pénaliste. “Pendant neuf mois, il doute ? Dans ce cas, on met de la distance avec une telle personne, sauf si on adhère au projet.”
Outre “l’amitié indéfectible” des deux hommes, la partie civile a présenté les éléments qui constituent, selon elle, les preuves de la culpabilité de l’accusé. Décrit comme le “chauffeur attitré” du kamikaze de Zaventem, terré dans la clandestinité, Ali El Haddad Asufi a aidé son comparse à chercher des planques pour la cellule, des armes, a ravitaillé ses membres en nourriture et fourni des informations quant aux vols – américains, russes et israéliens – prévus à Zaventem le matin des attentats, a énuméré Me Marion de Nanteuil.
Ali El Haddad Asufi a agi sciemment et apporté une aide essentielle à la commission des attentats, même s’il ne devait pas en connaître tous les détails, c’est pourquoi il doit être reconnu coupable de participation aux activités d’un groupe terroriste, ainsi que d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste, a conclu Me Sébastien Delhez.
11h48 : La présidente suspend l’audience “pour raisons impératives”, le calendrier sera revu
À la surprise générale, la présidente a suspendu l’audience peu avant 11h30 lundi pour des “raisons impératives“. Le calendrier des prochaines audiences sera revu, a indiqué Laurence Massart avant de lever la séance.
Après une courte interruption d’audience, Me Olivia Venet s’apprêtait à prendre la parole pour la partie civile quand la présidente a mis un terme à la journée de procès. Me Venet devait continuer la plaidoirie pour les parties civiles au sujet de l’accusé Bilal El Makhoukhi quand la présidente a fait son annonce.
Aucun détail n’a filtré quant aux raisons de cette suspension inopinée. Contacté par Belga, le porte-parole de la cour d’assises Luc Hennart a toutefois précisé que cette décision n’était pas liée au procès en tant que tel.
Normalement, les parties civiles devaient encore présenter leurs conclusions sur Bilal El Makhoukhi et Hervé Bayingana Muhirwa, puis un avocat devait évoquer le préjudice subi par la Stib, la société de transports en commun bruxellois. Enfin, trois ou quatre autres avocats devaient exposer les cas particuliers de victimes qu’ils représentent.
Ce calendrier sera revu, a annoncé la présidente, sans plus de détails.
L’audience reprendra mardi à 09h00.
Rédaction avec Belga – Photo : Belga / Eric Lalmand