Prix de l’électricité : “Sans mesure, on va avoir une vague de faillites sans précédent”

Les prix de l’énergie s’envole et l’inflation s’élève à 9,94 % en Belgique. Comment les entreprises vont-elles s’en sortir ?

Les entreprises souffrent aussi de l’augmentation du prix de l’énergie. Avec l’arrivée de l’hiver, certaines craignent d’ailleurs de devoir mettre la clé sous le paillasson. Il faudra éviter les dégâts, mais comment y parvenir ? Mercredi, un Codeco sera organisé sur l’énergie. Quelles sont les options dont disposent les pouvoirs publics ? On en parle dans le 12h30 avec Thierry Evens de l’Union des Classes Moyennes.

Selon Thierry Evens, c’est la double peine pour les entreprises. “Dans certaines industries comme les boulangeries et les commerces alimentaires etc., la hausse des prix de l’énergie a des effets vraiment dramatiques et il y a des personnes qui travaillent à perte. Et à cela s’ajoute une hausse des salaires galopante,” explique-t-il. Et développe : “Nous avons la liaison des salaires à l’index donc ça veut dire que dans les semaines et mois qui viennent, le coût des salaires augmentera de 10%. Mettez ces deux éléments ensemble et vous avez une situation explosive”.

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Pour le porte-parole de l’UCM, “c’est pratiquement aussi grave qu’à l’époque du Covid, sauf qu’à l’époque du Covid, il y avait des aides publiques massives. Maintenant, il n’y a rien.”  A la veille d’un Codeco sur l’énergie, Thierry Evens tire la sonnette d’alarme. Selon lui, “si on ne prend pas ces problèmes en compte et si on ne prend pas des mesures concrètes et qui rassurent, on va avoir une vague de faillites sans précédent. Même si demain on peut espérer la fin de la guerre et une baisse des prix de l’énergie, on ne pourra pas recréer les entreprises perdues. Les dégâts seront irréversibles.”

Des plans d’apurement et des frais à supprimer

Quelles sont les options possibles ? Alexander De Croo préconise d’intervenir sur la facture de l’énergie en instaurant un plafond. Pour Thierry Evens, “c’est certainement une des solutions mais il y en a d’autres. Nous pensons par exemple qu’on devrait temporairement supprimer les frais de bas de facture des intercommunales, qui facturent les frais de distribution et de transport. Ça peut être plus de 15% du prix de la facture. Nous insistons aussi sur un moratoire. Il n’est pas acceptable que les sociétés qui fournissent l’énergie puissent couper l’énergie à des entrepreneurs qui ne peuvent pas payer leur facture.  Il faut avoir accès à des plans d’apurement pour ne pas provoquer des faillites à des entreprises qui, au fond, sont extrêmement saines.”

Le porte-parole de l’UCM soutient aussi qu’il y a des mesures à prendre sur le moyen et le long terme. “On était dans un processus de transition de l’économie vers un modèle durable, un modèle avec une basse consommation de carbone, mais pour y arriver il faut que les entreprises investissent”, souligne-t-il. “Aujourd’hui, les entreprises n’ont plus de quoi investir, les trésoreries sont à sec. Les gouvernements (fédéral, régionaux) doivent donc intervenir pour permettre qu’on continue ces investissements et qu’on puisse poursuivre ce virage vers un modèle économique plus économe en énergie.”

■ Une interview de Fanny Rochez