Prison avec sursis requise contre 3 gardiens pour maltraitance d’un recruteur djihadiste
Le parquet bruxellois a requis mardi des peines de prison assorties de sursis à l’encontre de trois gardiens de la prison de Saint-Gilles, soupçonnés d’avoir maltraité Khalid Zerkani, un recruteur djihadiste. Selon le parquet, le trio a jeté violemment l’homme dans sa cellule et la tête du détenu a cogné une banquette en béton. Les prévenus assurent qu’il s’agissait d’un accident.
Khalid Zerkani, 49 ans, a été condamné en avril 2016 par la cour d’appel de Bruxelles à 15 ans de prison pour avoir dirigé un groupe terroriste. Il a recruté entre 2012 et 2014 des dizaines de jeunes Belges pour faire le djihad, notamment en Syrie. Parmi ses recrutés se trouvent notamment Abdelhamid Abaaoud, Chakib Akrouh et Najim Laachraoui, qui faisaient partie de la cellule terroriste qui a commis les attentats de Paris en novembre de 2015 et ceux de Bruxelles en mars 2016.
Selon le parquet, Khalid Zerkani était le plus gros recruteur djihadiste de Belgique. Le 23 janvier 2016, Khalid Zerkani a été transféré de la prison d’Arlon vers celle de Saint-Gilles. A son arrivée, les choses auraient mal tourné. Lorsqu’on lui a interdit d’emmener sa bouilloire défectueuse en cellule car elle représentait un risque d’incendie, il s’est mis en colère. Il n’a pu être calmé et a été emmené en cellule d’isolement.
Selon le détenu, les gardiens lui ont donné plusieurs coups et lui ont même frappé la tête contre le mur. Ce que les images n’attestent pas, souligne le parquet. “Nous voyons que M. Zerkani est difficile et tombe presque mais aucune violence n’est employée”, pointe-t-il. Toutefois, une fois arrivés devant la cellule, “les gardiens le déposent un instant, puis le soulèvent et le jettent dans la cellule la tête la première, laquelle heurte le banc en béton sur lequel repose son matelas. Selon un policier qui a visionné les images, les gardiens l’ont utilisé comme un bélier”.
Le parquet a requis des peines de prison avec sursis. Les prévenus ont demandé l’acquittement. “M. Zerkani avait la réputation d’être un détenu très difficile”, a plaidé Me Nicolas Vandersmissen, qui défend deux gardiens. “Ce jour-là, il a réagi obstinément. Lors du transfert, il s’est lui-même cogné contre des cadres de porte et s’est laissé pendre. Les gardiens ont donc dû le transporter jusqu’à sa cellule où ils l’ont posé un instant pour reprendre leur souffle. Ensuite, ils l’ont cogné accidentellement contre le lit.”
L’avocate du troisième prévenu a également parlé d’un accident et a fait valoir que son client n’avait aucune intention malveillante. Le jugement est attendu le 14 janvier.
Belga – Photo: Eric Lalmand