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Près de 80% des végétaux non découverts seraient déjà menacés d’extinction

12 octobre 2023 - 13h41

Parmi les milliers d’espèces végétales qui n’ont pas encore été décrites par les scientifiques, 77% sont déjà menacées d’extinction, estime un rapport international sur le statut des plantes et des champignons publié ce mardi par les Jardins botaniques royaux de Kew (Royaume-Uni).

Ce rapport a pour ambition de donner une vue d’ensemble de la biodiversité des plantes et des champignons dans le monde, en décrivant les grandes tendances mais aussi les lacunes dans les connaissances scientifiques. Il s’appuie sur les données de 25 articles scientifiques en libre accès auxquels ont collaboré les chercheurs de 102 institutions, dont le Jardin botanique de Meise en Belgique. Parmi leurs sources figure la première Liste mondiale des plantes vasculaires, un travail colossal dirigé par le botaniste belge Rafaël Govaerts, qui est à la tête de l’équipe “Noms des plantes et des champignons” des Jardins botaniques royaux de Kew.

A ce jour, les scientifiques ont donné un nom et décrit près de 350.000 espèces de plantes. Il en reste au moins 100.000 autres à découvrir. Mais ce travail est une course contre la montre car, si on extrapole au départ du statut des espèces les plus récemment décrites, 77% des plantes non répertoriées sont menacées d’extinction. Il apparait en effet que plus une plante est découverte tard, plus le risque qu’elle soit en danger est élevé. Il s’agit le plus souvent de végétaux dont l’aire de répartition est très restreinte.

Parmi les plantes à fleurs déjà connues, beaucoup n’ont pas de statut de conservation. Or 45% sont vraisemblablement menacées d’extinction, prédit le rapport. Quant à l’état de santé des champignons, il est difficile à mesurer puisqu’à peine 10% des espèces de la planète sont connues des scientifiques.

L’étude des Jardins botaniques royaux de Kew identifie 32 “point obscurs”, des zones très riches en biodiversité mais où les données géographiques et taxonomiques sont spécialement déficientes. Les ressources pour mener des expéditions scientifiques étant limitées, ces zones devraient être prioritaires, plaident les chercheurs. Quatorze d’entre elles sont situées en Asie tropicale.

Les scientifiques recommandent par ailleurs de considérer que toutes les espèces nouvellement décrites sont menacées, jusqu’à preuve du contraire. “Idéalement, des partenariats entre taxonomistes et évaluateurs de la conservation expérimentés viseraient à décrire et à évaluer les espèces simultanément, afin de maximiser les possibilités d’action efficace en matière de conservation“, relève Matilda Brown, l’une des autrices du rapport. “En attendant, si elle est acceptée, notre recommandation pourrait contribuer à la protection de plusieurs dizaines de milliers d’espèces menacées non décrites, en les traitant comme des espèces menacées dès qu’elles nous sont connues.”

Belga

Maarten Trekels, scientifique, au micro de Fanny Rochez et Vanessa Lhuillier

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