Peut-on bloquer les prix de l’énergie ? “Cela peut marcher, mais il faut accompagner dans la transition”
Francesco Contino, ingénieur civil et professeur à l’école polytechnique de l’UCLouvain, était l’invité de Fabrice Grosfilley, dans + d’Actu.
Spécialiste des questions d’énergie, Francesco Contino a pu donner plus d’explications concernant l’actuelle crise autour des prix de l’énergie. “Le prix du gaz, on ne peut pas vraiment le fixer. Mais quand on parle de bloquer les prix de l’énergie au niveau européen, on parle bien de bloquer les prix de l’électricité”, introduit-il. “Mais ceux qui mettent de l’électricité sur le marché veulent que cela reste rentable. Et pour cela, il faut que l’unité la plus élevée en coût soit rentable. Or, cette unité la plus élevée actuellement, c’est le gaz, qui a fortement augmenté en raison de la guerre en Ukraine”, ajoute-t-il.
N’y a-t-il donc pas moyen de découpler le prix de l’électricité produite avec d’autres moyens que le gaz du prix de l’électricité produite avec du gaz ? “Il n’y a pas encore de possibilité actuellement. Cela n’a pas été prévu à l’époque sur le marché. Et c’est certainement un échec du marché”, explique Francesco Contino.
Changement climatique
Est-il possible de fixer le prix de l’électricité sur une certaine période en Europe ? “Cela peut marcher, mais cela veut dire une intervention de l’État et une remise en question du marché tel qu’il était prévu. Cela aura donc des effets sur le marché”, indique l’invité de + d’Actu. “L’État doit donc subventionner la différence sur le gaz. Cela veut dire que l’État subventionne un vecteur énergétique qui mène au changement climatique”.
Est-il plus efficace de bloquer des prix ou d’aider les consommateurs et les entreprises ? Le professeur de l’UCLouvain estime qu’en temps de dérèglement climatique, “ces prix élevés du gaz ne sont qu’un aperçu qu’on aura dans la transition énergique, nécessaire pour respecter ce que nous dit le GIEC depuis 1990. Si on continue à se dire qu’on ne va rien faire pour changer notre comportement, on ne va pas dans la bonne direction. On doit accompagner dans cette transition”, estime Francesco Contino.
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Gr.I. – Photo : Belga/Siska Gremmelprez