Un besoin de financement de 1,6 milliard d’euros pour la Fédération Wallonie Bruxelles
La Fédération Wallonie-Bruxelles ne pourra pas compenser toutes les pertes financières que les différents acteurs et opérateurs de l’entité auront à subir en raison de la crise du Covid-19, a averti son ministre-président, Pierre-Yves Jeholet (MR). Il a également souhaité rappeler que les décisions prises lors du Conseil national de sécurité, l’étaient en concertation avec tous les ministres de son gouvernement.
Ce lundi, pour la première fois depuis 5 semaines, le parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles s’est réuni physiquement pour une séance plénière. A l’ordre du jour, le projet de décret relatif à l’élaboration du plan “droits des femmes” de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui a été voté mais aussi et surtout, les conséquences du confinement sur les matières que gère la FWB. Car, faut-il le rappeler, de nombreuses matières ne dépendent pas du fédéral mais bien des Régions et surtout des communautés. L’enseignement obligatoire, supérieur, la petite enfance, la culture, le sport, sont autant de matière qui sont entre les mains du ministre-président Pierre-Yves Jeholet (MR) et de ses ministres.
La séance a été plutôt calme même si les questions étaient nombreuses. Evidemment, la reprise des cours dans l’enseignement obligatoire a provoqué toute une série de question. L’hygiène et les sanitaires, vu l’état de certains bâtiments scolaires, semblent assez problématiques. Et puis, comment vont s’articuler les transports scolaires?
Et au niveau de la culture, que va-t-on faire? Le statut d’artiste ne défend pas tous les créateurs. Entre 30 et 40% des artistes n’y ont pas droit. Françoise Schepmans (MR) a rappelé qu’une perte de 204 millions de recettes avait été prévue. Le déficit lui, sera de 1,6 milliard ce qui nécessitera des investissements colossaux.
Et puis, l’opposition ne s’est pas privée de jouer son rôle. La députée humaniste, Alda Greoli, en a profité pour rappeler au gouvernement de la FWB ses responsabilités. “J’aime bien vous entendre sous votre arbre à palabres mais il n’est plus temps de se cacher derrière l’arbre du fédéral ou du conseil national de sécurité. Vous avez en charge les crèches, l’enseignement, la culture, le sport.”
Une remise en place politique
Cette attaque a fait bondir Pierre-Yves Jeholet en préambule de sa réponse. “Il est indécent de parler de palabres Mme Greoli, après le nombre d’heures passées en réunion ou encore les décisions que nous avons prises ces dernières semaines.”
Puis, le ministre-président a adressé de manière mouchetée mais ferme, un rappel de solidarité gouvernementale de son partenaire Ecolo. En effet, après le dernier conseil national de sécurité, les verts a envoyé un communiqué dans lequel il regrettait que l’économie prime sur la vie familiale et le lien social, rappelant au passage qu’il ne participait pas au CNS. “Toutes les thématiques qui sont abordées durant le CNS, le sont aussi avant avec les ministres du gouvernement de la Fédération, a explique Pierre-Yves Jeholet. Les discussions ont lieu chez nous en amont. Chaque ministre vient avec ses points. Cela est vrai pour les écoles, les crèches, la réouverture des musées.”
Des difficultés budgétaires
Le cadre politique étant remis droit, le ministre-président s’est voulu transparent. “Nous avons besoin de clarté mais nous sommes dans l’incertitude. Je comprends l’impatience des acteurs. Cependant, nous ne pourrons pas compenser toutes les pertes de tous les acteurs. Dire le contraire aujourd’hui serait mentir. Nous ne voulons pas faire des promesses que nous ne pourrons pas tenir. ”
Face à la crise, la Fédération a décidé le mois dernier de mettre un fonds d’urgence sur pied pour venir en aide aux opérateurs des secteurs dont il a la compétence. Doté initialement de 50 millions d’euros, celui-ci a été porté à 80 millions d’euros. Mais “ce fonds (d’urgence) n’est pas sans fond. “
En raison de la crise actuelle, les finances de la FWB devraient elles-mêmes être sévèrement impactés. L’après-midi, lors de la commission sur le budget, le ministre des Finances, Frédéric Daerden (PS), a aussi rappelé des chiffres qui donnent le tournis. Selon le bureau du plan, le PIB de la Belgique devrait diminuer de 8,6% “et c’était en ne comptant pas les faillites éventuelles. Autant vous dire que cela est plutôt optimiste comme prévision”. Cela implique nécessairement, une diminution de la dotation du fédéral envers la FWB. Cela signifierait une diminution des recettes de 860 millions pour 2020 et 222 millions en 2021.
Or, si les recettes diminuent, les dépenses vont, elles, augmenter fortement. “ L’année 2021 présenterait un besoin de financement de 1,1 milliard selon les projections du Bureau du plan, a ajouté Frédéric Daerden. Ce montant s’ajouterait au déficit actuel de 700 millions d’euros.”
Pour le fonds d’urgence, il faut que les ministres entrent leurs demandes. Actuellement, 14,5 millions ont été alloués à la petite enfance, 7,8 millions pour les hôpitaux universitaires, 8,6 millions pour la culture et 2,3 millions pour l’enseignement supérieur. Un million d’euros sera aussi distribué pour soutenir les services agréés d’aide à la jeunesse, l’acquisition de masques chirurgicaux, d’ordinateurs pour diminuer la fracture numérique dans l’enseignement, ou encore pour la création de structures d’accueil temporaires pour des jeunes en danger. Enfin 3 millions d’euros sont prévus pour les problèmes de trésorerie.
Vanessa Lhuillier
- Ecouter Pierre-Yves Jeholet, ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles