“Non, l’ULB n’est pas bienveillante à l’antisémitisme”, dit la rectrice Annemie Schaus
L’Université libre de Bruxelles (ULB) a ouvert vendredi après-midi sa 192e séance solennelle de rentrée académique sur le campus du Solbosch, placée sous le thème “Ombres et lumières”.
Devant la communauté universitaire et de nombreux invités, la rectrice Annemie Schaus a rappelé avec force les valeurs fondatrices de l’institution : “La science vainc les ténèbres”, a-t-elle lancé. “La science, mais aussi les principes qui la nourrissent.”
La responsable a tenu à dénoncer sans ambiguïté plusieurs incidents récents. “Il y a eu des actes antisémites commis sur nos campus, à l’encontre de membres de notre communauté; tous ont conduit à des procédures disciplinaires ou des plaintes pénales, qui sont en cours. Non, l’ULB n’est pas une université où les juifs ne sont pas les bienvenus. Non, l’ULB n’est pas bienveillante à l’antisémitisme, quoi qu’en disent certains et certaines, y compris des responsables politiques et des édiles.”
Annemie Schaus a également dénoncé “la pédagogie de la violence”, qu’elle voit se propager “par des réseaux sociaux où s’exprime à l’excès une parole irresponsable”, mais aussi “lorsqu’elle est le fait des responsables politiques eux-mêmes, dont on est en droit d’attendre valeur d’exemple”. Injurier des adversaires, menacer des journalistes, mépriser artistes et intellectuels ou justifier des actes de guerre contre des civils “participe à cette pédagogie de la violence”, a-t-elle averti.
La rectrice a élargi son propos à la lutte contre toutes les discriminations : “Je travaille avec des collègues admirables à combattre ce fléau, autant que toute tentative de stigmatiser les musulmans, réels ou fantasmés, comme on l’a vu dans l’ignoble partage d’une liste de prénoms.”
Cette rentrée s’inscrit dans un été particulièrement mouvementé pour l’université. Fin août, la Faculté de droit et de criminologie a confirmé le choix de ses étudiants de baptiser leur promotion du nom de Rima Hassan, eurodéputée française de La France insoumise.
Une décision qui a suscité de vives polémiques en Belgique et en France, en raison du contexte du conflit israélo-palestinien et des prises de position de l’élue. “Seuls les étudiants et étudiantes de la cohorte concernée se sont exprimés”, a rappelé alors Annemie Schaus.
Elle s’était dite “choquée par le mépris, l’ignorance et parfois même le racisme décomplexé qui transparaissent dans certaines critiques et attaques personnelles visant celles et ceux qui ont pris cette décision”. Rappelant les grands principes du libre examen, la rectrice de l’ULB a insisté sur une liberté “inféodée à aucun parti” et “nécessairement engagée contre toute forme d’oppression et d’injustice, y compris contre soi-même”.
Dans un contexte marqué par de vives tensions, elle a souligné que “les universités sont par essence des lieux où toutes les questions sensibles qui frappent la société sont débattues”.
Citant le philosophe Hans Jonas, Annemie Schaus a résumé la mission de l’institution : ‘Créer de la lumière dans les profondeurs des ténèbres, ou contribuer à des ombres apaisantes’, avant de conclure : “Le combat continue”. Jan Danckaert, recteur de la VUB, a vanté la collaboration avec l’ULB et en a profité pour lancer un message aux nombreux élus présents dans la salle : “les politiques bruxellois pourraient s’inspirer de la manière dont nous collaborons. Pas parce qu’on y est obligés, mais parce que nous le voulons”.
Étaient présents David Leisterh et Ahmed Laouej, respectivement négociateurs bruxellois pour le MR et le PS, ainsi que nombreux élus PS, MR, Ecolo et même des Engagés.
Belga





