Molenbeek : le personnel de la propreté publique en grève

Le personnel du service de propreté publique de Molenbeek a entamé un mouvement de grève dès ce jeudi et jusqu’au 19 septembre inclus.

Le front commun syndical appelle les autorités communales à agir, notamment face au manque d’effectif et aux agressions subies par les travailleurs.

Depuis près de quatre ans, le personnel de la propreté publique fait face à des incivilités et à des conditions de travail et de bien-être déplorables. Les autorités communales sont restées sourdes aux appels à l’aide des agents“, déplorent les syndicats dans un communiqué.

32 balayeurs pour 100.000 habitants

Selon eux, seuls 32 balayeurs seraient actifs pour cette commune comptant près de 100.000 habitants. Ils pointent des “véhicules régulièrement en panne, un manque criant d’équipements de travail et des dépôts clandestins en constante augmentation“.

À bout“, ces employés se disent incapables de continuer à assurer leurs missions face à une charge de travail jugée excessive.  “Depuis le début de l’année, les ouvriers ont dû ramasser à eux seuls plus de 28.000 tonnes de déchets et d’encombrants“, soulignent les syndicats. Cette grève se poursuivra “jusqu’à ce que les autorités répondent favorablement” à leurs revendications.

Revendications

Concrètement, les syndicats exigent une plus grande valorisation du personnel avec un passage au grade supérieur (niveau D pour tous) et l’augmentation des effectifs afin d’éviter l’épuisement physique et les accidents de travail.

Ils réclament également la possibilité pour les travailleurs de 55 ans ou plus de réduire leur temps de travail tout en conservant leur salaire, ainsi qu’une “tolérance zéro pour les agressions et l’irrespect que subissent les travailleurs“.

Réaction des partis non cités dans le reportage

PS-Vooruit : Catherine Moureaux, bourgmestre et tête de liste n’a pas donné de réaction à ce stade. 

PTB-PVDA : Dirk De Bock, tête de liste, “Nous étions présents sur le terrain à la grève ce matin. Nous soutenons ces travailleurs depuis longtemps, on a déjà interpellé le conseil communal sur le manque de personnel, et la situation actuelle. D’ailleurs, la situation qui nous a été présentée sur papier ne correspond pas à celle sur le terrain. Les travailleurs ont des salaires rikiki de niveau E, ça a disparu partout sauf à Molenbeek… Et par exemple des vestiaires sans savon, c’est un manque de respect total pour les travailleurs.”

 Molenbeek Autrement : Ahmed El Khannouss, tête de liste : “Cette grève au finish est la conséquence de la gestion catastrophique de la commune, que nous dénonçons au conseil communal depuis des années, depuis presque six ans. Nous avons tiré la sonnette d’alarme à maintes et maintes reprises, pour dire qu’il y avait un problème de gestion, de gouvernance, de choix opéré par le collège en terme d’investissements, de bonne gouvernance, de décisions qui vont impacter lourdement les finances de la collectivité. Il y a une politique de népotisme, de clientélisme, dénoncée par des hauts cadres de l’administration, et tout ça mis ensemble a pour conséquence aujourd’hui qu’on ne peut plus répondre à certaines demandes. La grève débutée aujourd’hui concerne une reconnaissance du statut  du personnel de nettoiement, une revendication qui remonte à quelques années d’aligner le niveau E sur le niveau D, mais pire encore les conditions de travail, avec la surcharge de travail liée à la diminution du personnel. Il y avait 85 personnes en début de législature, ils ne sont plus que 42-43, dont 7-8 malades, pas de matériel pour certains travailleurs (chaussures de sécurité), tout ça est la conséquence de la gestion catastrophique de nos finances. Si vous allez dans d’autres services, c’est exactement la même chose : surveillants scolaires, administration, plus rien ne fonctionne. La commune est en faillite financièrement et dans sa gestion, faillite politique aussi. Le collège est incapable d’apporter des solutions.”

 Team Fouad Ahidar : Hamza Zibouh, tête de liste :  “Les revendications des travailleurs, qui portent sur le manque d’effectif et les agressions subies, sont légitimes. Leurs conditions de travail difficiles peuvent avoir un impact direct non seulement sur leur bien-être, mais aussi sur l’efficacité du service public et in fine cela se répercute sur l’ensemble des citoyens molenbeekois. Ces travailleurs jouent un rôle essentiel dans le maintien de l’hygiène et de la qualité de vie dans la commune. Il est important que les autorités communales prennent ces revendications au sérieux et engagent un dialogue constructif avec les syndicats pour éviter une prolongation du conflit. Trouver des solutions pour améliorer la sécurité et recruter davantage de personnel pourrait apaiser les tensions et permettre une reprise rapide des services. En somme, une réponse rapide des autorités, alliant respect des revendications des travailleurs et maintien du service public, semble nécessaire pour résoudre cette crise. Faire à la sourde oreille à leurs revendications ne fera qu’envenimer le problème qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour tous.”

N-VA : Maarten Bijnens, tête de liste : “La commune est très mal géré à niveau des finances et à niveau de personnel. Ils n’ont pas argent. Et dans le cadre, il manque beaucoup des gens. Ça mis de pression au gens qui travaillent avec le résultat il-y-a beaucoup d’absentéisme, qui augmente le pression sur l’autre. Il n’y-a pas d’argent pour engager des remplacements. Donc je soutenu les personnel de service.”

Ecolo Groen : Emre Sumlu, tête de liste : “Nous soutenons bien entendu ce mouvement et les revendications des grévistes. Nous remarquons depuis longtemps qu’il y a énormément de soucis avec plusieurs services de la commune. Vu l’état de saleté de nos rues, il est inimaginable que seuls 32 balayeurs puissent assurer un service correct pour 100000 habitant.es. La commune n’investit pas assez dans ce service depuis longtemps, même dans le matériel, indispensable pour les travailleur.euses. Il est important aussi de valoriser le grade du personnel tout en faisant attention à la pénibilité de leur travail. Le groupe Ecolo-Groen a plusieurs fois rappelé l’importance d’une vraie politique de prévention et de sensibilisation en matière de propreté mais nous ne pensons pas que c’était une priorité pour cette majorité.”

Les Engagés : Hassan Ouassari, tête de liste : “La propreté de notre commune est une priorité essentielle pour nous. Un environnement propre est un pilier de la qualité de vie et du bien-être de tous les habitants de Molenbeek, et nous sommes déterminés à y contribuer activement.” Nous reconnaissons l’importance du travail des agents de propreté, et nous savons que leurs conditions de travail ainsi que leur reconnaissance méritent toute notre attention. Leur rôle est fondamental, et il est crucial que leurs préoccupations soient non seulement entendues, mais aussi prises en compte dans la recherche de solutions concrètes. En tant que force d’opposition constructive, nous proposons des actions pragmatiques et ambitieuses. Il est impératif de trouver des solutions budgétaires pour investir dans des équipements modernes et adaptés, afin de réduire la pénibilité du travail et d’améliorer les conditions de travail des agents. Cela permettra de garantir un service de propreté efficace pour tous les Molenbeekois. En ce qui concerne les revendications salariales, nous prônons une approche globale et équitable, qui considère l’ensemble des employés communaux. Il est essentiel d’aborder ces questions avec transparence et équité, afin de parvenir à des conditions de rémunération justes et respectueuses des réalités budgétaires de la commune. Enfin, sans céder à la critique facile en cette période électorale, nous appelons à un dialogue constructif entre les autorités communales et les travailleurs. Notre objectif est de parvenir à des solutions durables qui bénéficieront à l’ensemble de la communauté. Une gestion rigoureuse et transparente des ressources publiques doit rester notre boussole pour assurer des rues propres et des conditions de travail dignes pour nos agents.”

avec Belga/Photos : Emilie Vanhemelen (BX1)

■ Reportage d’Arnaud Bruckner et Frédéric De Heneau