Les migrants sont-ils victimes de violences policières ? C’est la question abordée dans #M

Selon une enquête réalisée par “Médecins du Monde“, un migrant sur quatre est confronté à des violences de la part de la police. Des témoignages ont été recueillis pendant trois mois durant des consultations médicales pour les migrants. L’association a tenté d’objectiver le phénomène par une enquête. Cette étude est notamment contestée par les syndicats de police. Les migrants en transit sont-ils victimes de violences policières ? C’est la question abordée sur le plateau de #M avec comme invité Michel Roland, l’un des médecins de Médecins du monde à l’origine de ce rapport. 

L’étude rassemble les témoignages de 440 personnes parmi lesquelles 110 déclarent avoir subi des violences policières. Dans ce nombre, 59 ont accepté de répondre à un questionnaire approfondi. “C’est sur la base de constats et de témoignages durant nos consultations que nous avons voulu objectiver le phénomène”, explique Michel Roland, médecins dans un hub humanitaire. “Sur certaines personnes, nous étions amenés à constater des lésions, séquelles et traumatismes dus à des violences. C’est vraiment un faisceau de faits cohérents et répétitifs qui nous ont fait nous dire qu’il y avait là peut-être une problématique assez insidieuse et qu’elle méritait d’être mise en évidence”.

Une méthodologie rigoureuse

Le rapport a été rédigé sur la base de questions posées par des médecins qui ont été formés à cette tâche. Il se fonde sur quelques dizaines de témoignages, reconnaissent les auteurs qui mettent en avant la difficulté d’interroger des personnes ne disposant souvent pas d’un titre de séjour, au parcours déjà traumatisant et souvent très méfiantes à l’égard des institutions. Les conclusions ne sont pas seulement “qualitatives” mais aussi “quantitatives”, estime l’association, tant les faits racontés se ressemblent.

“Le questionnaire a été construit selon des méthodologies reconnues avec des questions ouvertes et semi-ouvertes”, explique Michel Roland.“C’est vrai que l’on peut dire que c’est subjectif, c’est-à-dire que ça relève de l’interprétation, c’est du déclaratif. Mais d’un autre côté, lorsqu’on peut accumuler une série de faits qui vont tous dans la même direction, et que ces faits viennent de personnes indépendantes les unes des autres finalement ça devient une donnée objective, vérifiable et observable”. 

Une étude contestée

58 % des témoignages font état de coups portés avec les mains, les pieds ou des matraques; de racket et de vols d’argent ou de violences dans les commissariats. Des syndicats de police contestent en disant que c’est du vent et que ce rapport est unilatéral et partiel. Ils évoquent notamment le cas des mises à nu dans les commissariats qui reste une pratique légale en Belgique. “La loi prévoit la mise à nu dans certaines circonstances qui doivent rester exceptionnelles, alors que ces fouilles étaient quasiment systématiques selon nos témoignages”, se défend Michel Roland. Le Comité P a également réagi ce mercredi après-midi en disant que leurs premières conclusions ne vont pas dans le même sens que celle de Médecins du monde.