Michel Claise : “Comment attaquer l’indépendance de la justice ? Il suffit tout simplement de la sous-financer, c’est le cas aujourd’hui”
Michel Claise, ancien juge d’instruction désormais actif en politique pour le parti Défi, était l’invité de Bonjour Bruxelles ce matin.
Sur les menaces qui peuvent peser sur l’État de droit et l’indépendance de la justice, il explique que ces principes “peuvent être menacés par de multiples facettes, dans la mesure où, pour l’État de droit, il y a d’une part cette crainte que l’on peut avoir que l’État disparaisse sous l’emprise économique des organisations criminelles. Les chiffres deviennent absolument hallucinants. Et au niveau de l’État de droit, quand on s’attaque directement à des décisions de la magistrature, c’est une chose extrêmement inquiétante.”
Sur la contestation de certaines décisions de justice par des personnalités politiques, il dit : “Cela me choque profondément, cela me blesse, cela m’attriste.” Michel Claise critique notamment le secrétariat d’État à l’Immigration qui refuse de payer des astreintes. L’ancien juge d’instruction qualifie ce genre de décision de “gifle”. Il juge ces refus de l’État de se soumettre à la justice comme “très préoccupants”.
Concernant les commentaires que des responsables politiques formulent sur des décisions de justice,une pratique récente, selon lui, l’ancien chef d’instruction regrette : “Il existait ce fameux respect, mais vous savez, le respect de l’exécutif par rapport à la justice… Nous en avons suffisamment fait les frais en termes de disparition pure et simple du budget. Comment attaquer l’indépendance de la justice ? Il suffit tout simplement de la sous-financer, et c’est le cas aujourd’hui.”
Michel Claise dénonce une toute-puissance de l’exécutif sur les autres pouvoirs, notamment la justice et le législatif, une situation « très grave » selon lui : “Ce déséquilibre que nous avons actuellement dans la société risque d’avoir des conséquences, notamment en termes de survie même de nos valeurs.” Il parle d’une évolution inquiétante de la démocratie belge, qui change de nature.
Ce que demande Michel Claise, c’est un refinancement de la justice afin qu’elle puisse être davantage indépendante. Sur la lutte contre le trafic de drogue, le membre du parti Défi déclare : “Le problème, il est là : en termes de sécurité, il n’y a pas les moyens. En termes de police de proximité, il n’y a plus les moyens. Et à partir de ce moment-là, que voulez-vous que l’on fasse en matière de sécurité ?”
Michel Claise appelle également à renforcer la lutte contre la criminalité financière. Pour lui, il faudrait créer un parquet national financier, comme en France, ou une agence belge anticorruption : “Quand le monde politique nous dit non, moi j’en viens à penser que les politiques ont une crainte : c’est que si ces institutions existaient, ils auraient peur d’en être les premiers clients. Il y a quand même quelques exemples politiques récents.”
- Michel Claise, ancien juge d’instruction désormais actif en politique pourle parti Défi, au micro de Fabrice Grosfilley





