Cité administrative : le chantier à l’arrêt, quel futur pour le projet immobilier ?

Inter-Environnement Bruxelles avait relevé, avec d’autres organisations et les riverains, l’irrégularité du PPAS qui permettait le projet.

Trois immeubles de logement, une crèche, une école, des commerces, des abords revus et près de 400 arbres abattus : le projet prévu sur le site de l’ancienne Cité administrative par le promoteur Immobel avait tout d’un mastodonte. Celui-ci vient de connaître un nouveau rebondissement, avec un arrêt du Conseil d’État qui donne raison aux associations, rapporte IEB.

Tout commence en 2012 : la Ville de Bruxelles adopte le PPAS Pacheco, dans le cadre de ce projet, avec une série d’exigences, parmi lesquelles celle de préserver des vues depuis la colonne du Congrès et l’esplanade située juste derrière. En décembre 2013, plusieurs associations (IEB et l’ARAU) ainsi que les riverains du Quartier Notre-Dame-aux-Neiges montent au créneau, et dénoncent ce PPAS, considérant qu’il n’est pas conforme au PRAS. adopté en 2001. Malgré tout, un permis est délivré en 2019 par la Région à Immobel pour ce projet. Un recours au Conseil d’Etat est donc introduit à la suite.

► Reportage | Le projet immobilier à la Cité administrative suscite des craintes (05/09/2017)

Le Conseil d’Etat qui a finalement donné raison aux associations, dans un arrêt du 9 décembre : “l’arrêté régional du 29 juin 2007 fait état d’une servitude de vue depuis l’esplanade vers la Basilique de Koekelberg, ce qui limite la hauteur potentielle des constructions à cet endroit (…) Or, selon le principe de la hiérarchie des normes, un arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-capitale est supérieur à une délibération du conseil communal“, note ainsi le Conseil d’Etat.

La dernière mouture heurtait toujours

“Cet arrêt est un nouveau signal fort aux pouvoirs publics et leurs pratiques consistant trop souvent à mitonner des règlements sur mesure, en contradiction avec leurs propres normes, dans le but de faire gagner du temps et de l’argent aux gros promoteurs“, note Inter-Environnement Bruxelles, dans un article publié sur leur site, qui rappelle que “la dernière mouture heurtait toujours par les empiètements et la hauteur des bâtiments, visibles depuis la colonne du Congrès et limitant considérablement les vues depuis l’esplanade. Sans parler de l’absence de logements sociaux, ou simplement abordables, et de l’aberration que représente l’abattage de centaines d’arbres“.

Inter-Environnement Bruxelles précise néanmoins qu’il “convient encore d’analyser en détail les conséquences de cet important arrêt et de voir comment réparer le dommage des centaines d’arbres abattus illégalement, mais en tout état de cause, le promoteur devra revoir sa copie“.

La Région et Immobel ne veulent pas s’exprimer avant d’avoir pu analyser en détail les 70 pages de l’arrêté du Conseil d’État. Les riverains aussi veulent éplucher le texte pour savoir si l’abatage des arbres et la construction de l’école sur le site ont été faits dans la légalité.

ArBr – Photo : Google Maps

■ Un reportage de Marie-Noëlle Dinant, Yannik Vangansbeek et Laurence Paciarelli