“Après un séisme, chaque minute compte” : comment la Belgique va aider la Turquie et la Syrie
Comment organiser l’aide humanitaires et médicales pour aider les populations turques et syriennes après les séismes qui ont frappé le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie ? Invitée de l’interview de Bonjour Bruxelles, Marie-Christine Ferir, du service opérationnel de Médecins sans frontières (MSF), détaille les opérations à déployer dans les prochaines heures. Alors qu’une équipe B-Fast part ce mercredi pour la région.
“Dans un premier temps, c’est le secours immédiat : pouvoir retrouver des survivants sous les décombres. Chaque minute compte.”, explique Marie-Christine Ferir. L’ancienne directrice du pool urgence de MSF a une grande expérience du terrain : elle participé à plusieurs opérations après les tremblements de terre en Haïti, en Arménie ou en Turquie en 1999.
Il faut ensuite prendre en charge les blessés. “Les hôpitaux sont vite débordés et en Syrie ils sont déjà fragilisés par des années de guerre donc ils ont besoin d’un support rapide. Il faut aussi des hôpitaux de campagne. En plus, après un tremblement terre, les gens ont peur de rester à l’intérieur, d’où l’importance qu’ils puissent être accueillis dans des lieux sûrs.”
Enfin, toutes les personnes qui sont à l’extérieur, les sans-abri, doivent trouver un hébergement. D’autant plus qu’il fait très froid en Turquie en ce moment.
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Marie-Christine Ferir précise encore qu’il y a des pathologies spécifiques au tremblement de terre, notamment le “crush syndrome” : “quand on retire des gens des décombres et qu’on allège la compression des muscles, une toxine se libère dans le sang qui perturbe le fonctionnement des reins. Il faut que ces personnes puissent avoir accès rapidement à des dialyses.”
► Écouter l’interview de Marie-Christine Ferir, du service opérationnel de MSF, dans Bonjour Bruxelles
La Belgique libère 5 millions d’euros
La Belgique va libérer cinq millions d’euros d’aide humanitaire d’urgence pour venir en aide aux régions de Turquie et de Syrie dévastées par les séismes de lundi, a annoncé la ministre de la Coopération au développement Caroline Gennez (Vooruit).
Cette enveloppe supplémentaire va en grande partie (4 millions d’euros) aller au fonds humanitaire dit “cross-border” pour la Syrie, un fonds créé par les Nations Unies il y a plusieurs années et qui vise à permettre à des organisations locales de fournir de l’assistance au-delà des frontières et lignes de conflit. Un autre million sera ajouté à des fonds prévus pour le Fonds d’urgence pour les réponses aux catastrophes (Disaster Response Emergency Fund, DREF) de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC). Ces fonds soutiennent avant tout des organisations locales qui connaissent le terrain et peuvent y être efficaces dans l’immédiat, souligne le cabinet de la ministre. C’est le cas par exemple du Croissant-Rouge turc, qui mobilise déjà des centaines de bénévoles pour soutenir les victimes et distribuer des repas chauds, entre autres.
Dans le cas de la Syrie, la situation est particulièrement problématique à cause du conflit armé qui y morcelle le territoire depuis plus de dix ans, observe la ministre Vooruit. “La situation dans le nord-ouest du pays était déjà extrêmement difficile avant le séisme. Les habitants y sont très démunis : pas d’infrastructure, faible accès à l’électricité ou à l’eau potable, pénurie de nourriture (…) Cette catastrophe menace de faire d’une situation très difficile une situation désespérée”.
L’aide annoncée s’ajoute à une aide humanitaire structurelle, à laquelle contribue la Belgique. Mais l’arrivée de cette aide est compliquée dans le nord de la Syrie, dans les zones contrôlées par les rebelles, un blocage imputé par l’UE au régime de Damas. L’aide “transfrontalière” mise en place par les Nations Unies constitue une “bouée de sauvetage” pour ces régions, souligne Caroline Gennez. Mais elle passe habituellement par la Turquie, par la zone qui est désormais sinistrée. La ministre espère une ouverture plus large de la frontière à cet endroit.
B-Fast en route
La Turquie a officiellement accepté l’aide de la Belgique pour répondre aux séismes qui ont fait des milliers de morts depuis lundi, sous la forme de l’envoi d’une équipe médicale d’urgence pour installer un hôpital de campagne dans une zone sinistrée, annonce le cabinet du ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (Vooruit).
B-Fast, structure interdépartementale d’intervention d’urgence, avait annoncé mardi l’envoi d’une telle équipe. Une équipe de reconnaissance part ce mercredi à 14h00 de l’aéroport militaire de Melsbroek pour se rendre sur place et repérer les lieux pour l’établissement de l’hôpital de campagne. Celui-ci devrait être actif courant de semaine prochaine, avaient précisé mardi les Affaires étrangères. La mission est coordonnée par le SPF Affaires étrangères, Commerce extérieur et Coopération au développement, mais d’autres services sont également impliqués dans B-Fast, dont la Défense, l’Intérieur, etc.
■ Les explications d’Anaïs Corbin dans Le 12h30.
Avec Belga – Photo : Belga/Eric Lalmand