Lutter contre les inégalités, une priorité du Plan bruxellois de promotion de la santé proposé par Cécile Jodogne
Lutter contre les inégalités de santé liées au genre, promouvoir la santé des femmes ou encore favoriser une alimentation équilibrée: ces engagements font partie des priorités du premier Plan bruxellois de promotion de la santé pour 2018-2022, a indiqué jeudi la ministre régionale de la Santé Cécile Jodogne (DéFI). Les appels à candidatures et à projets à destination du secteur ont été envoyés le 15 juin dernier et seront clos le 15 septembre. “Une manière de valoriser l’expertise des acteurs de terrain tout en travaillant dans la cohérence”, a souligné Mme Jodogne. “J’ai souhaité mettre l’accent sur le genre car on sait que les hommes et les femmes ne sont pas égaux en matière de santé notamment en ce qui concerne la distribution et la fréquence des pathologies ou encore l’accès aux soins”, a-t-elle ajouté.
Le plan quinquennal s’adresse aux quelque 950.000 habitants francophones de la capitale, tout en prévoyant d’intervenir auprès de publics prioritaires comme les jeunes, les habitants de quartiers défavorisés, les détenus, les migrants, les milieux festifs, etc. Il a été élaboré sur base d’une étude des besoins des citoyens bruxellois. Ainsi en 2013, un quart de la population ne se percevait pas en bonne santé et un ménage interrogé sur quatre déclarait reporter les soins de santé faute de moyens. Les spécificités de la Région bruxelloise comme “grande ville” mais également en termes de diversités culturelle, ethnique et de revenus expliquent la présence d’inégalités importantes face aux soins de santé entre groupes sociaux et au niveau territorial.
Les objectifs thématiques, au nombre de dix, s’articulent principalement autour d’une alimentation équilibrée, d’une activité physique régulière, du dépistage des cancers, de la santé sexuelle, des drogues licites et illicites et la santé communautaire auprès des personnes plus vulnérables. Trois objectifs transversaux ont également été fixés pour les cinq années à venir: développer les moyens de communication modernes, renforcer les compétences des acteurs de terrain et promouvoir une culture d’évaluation au sein du secteur. Les projets, sélectionnés sur base de leur rigueur et de leur créativité, seront ainsi évalués après trois ans. Les concertations interministérielles seront également privilégiées.
Le Conseil consultatif bruxellois francophone de l’aide aux personnes et de la santé, composé d’employeurs, de travailleurs (syndicats et acteurs de terrain), d’usagers (associations et mutuelles) et d’experts, planche sur l’élaboration du plan depuis novembre dernier. La ministre dispose d’un budget de 4,2 millions d’euros pour la promotion de la santé en 2017 mais a pour objectif d’augmenter ce montant dès janvier 2018. “Je souhaite que chaque euro investi le soit pour répondre à des besoins identifiés. Les interventions que nous soutiendrons doivent tenir compte des inégalités en mettant l’accent là où les besoins sont les plus criants”, a-t-elle souligné. “Si le budget fédéral de la Santé transférait davantage de moyens à la promotion de la santé, ce serait bénéfique. Ce que l’on dépenserait plus d’un côté, le serait moins de l’autre, selon la théorie des vases communicants”, estime Jacques Morel, président de la section promotion de la Santé du Conseil consultatif. La promotion de la santé a été transférée à la Commission communautaire française de Bruxelles dans le cadre de la dernière réforme de l’Etat et d’accords conclus entre institutions francophones dans ce contexte. Le décret fixant un cadre pour organiser cette compétence a été adopté en février 2016. (Belga, photo Belga/Benoît Doppagne)