L’inflation approche des 9% : face aux crises, la hausse des prix devrait encore se poursuivre
L’inflation a atteint un nouveau record en quarante ans : Statbel a confirmé ce lundi une hausse des prix de près de 9% par rapport à l’an dernier. La hausse des prix de l’énergie et la guerre en Ukraine sont les principales causes de cette hausse constante.
C’est du jamais vu depuis 1982 : l’inflation en Belgique a atteint en mai 2022 8,97%, soit le plus haut niveau depuis quarante ans. En janvier dernier, le Bureau du plan estimait pourtant que l’inflation allait plafonner à 6% au printemps. Elle n’avait toutefois pas prévu la guerre en Ukraine qui a bousculé l’économie mondiale.
Vu le conflit russo-ukrainien, on pourrait penser que le secteur de l’énergie est le plus touché par cette inflation en raison des importations de gaz et d’uranium de Russie vers l’Europe. Pourtant, le prix du gaz est en train de baisser tout comme le prix de l’électricité. Alors que le prix du carburant augmente, en raison d’un marché toujours nerveux autour des incertitudes sur la situation ukrainienne.
Selon les chiffres de Statbel, l’inflation la plus forte concerne les produits alimentaires. L’organisme de statistique pointe ainsi une hausse de plus de 25% sur les prix des huiles alimentaires et de plus de 12% sur les prix des céréales et du pain. Les secteurs du logement des transports sont aussi fortement touchés.
Au-delà de la guerre en Ukraine, les hausses de prix s’expliquent également par le dérèglement climatique qui touche de nombreuses cultures, comme en Inde, et le Covid-19 qui a encore mis à l’arrêt de nombreuses entreprises en Asie.
Répercussions sur l’emploi
Cette hausse des prix a des conséquences sur les ménages actuellement, mais cela risque de toucher toute l’économie à terme. Les citoyens sont en effet les premiers touchés actuellement. Certes, les salaires sont indexés vu que l’indice-pivot est rapidement dépassé. Mais selon plusieurs économistes, les consommateurs risquent de ne plus pouvoir suivre face à cette inflation trop importante. Cela risque donc de mener à une baisse de la consommation, ce qui aura un impact sur les entreprises qui produisent mais vendront moins, ce qui aura des répercussions sur l’emploi à terme.
Plusieurs entreprises ont déjà répercuté ces hausses des prix de l’énergie et des matières premières sur les produits vendus : cela se voit notamment dans les friteries, l’horeca ou les supermarchés. Mais il y a un risque que cela ne suffise pas et que les emplois soient plus durement touchés à l’avenir.
Jusqu’à quand ?
Cette inflation va-t-elle encore durer ? C’est difficile à estimer vu ce qu’il se passe dans le monde. Selon Philippe Ledent, économiste chez ING interrogé par L’Écho, l’inflation n’est plus très loin de son sommet, mais il existe un risque qu’elle reprenne dès l’automne en raison d’un recours plus important aux énergies. D’où la question d’une prolongation de la TVA à 6% sur l’électricité et le gaz, sur le plan politique.
Cette année, il est ainsi possible que les travailleurs belges bénéficient de trois indexations de salaire cette année. Cela reste loin du record des cinq indexactions enregistrées en 1982. Mais face aux hausses de prix qui s’annoncent, des solutions politiques vont devoir être trouvée pour aider tant les citoyens que les entreprises belges.
Grégory Ienco – Photo : illustration Belga/Aline Brugmans