L’immobilier de bureaux, aussi impacté par la crise sanitaire

Avec le crise sanitaire, les bureaux bruxellois se sont vidés d’une bonne partie de leurs collaborateurs, qui travaillent désormais depuis leur domicile. Cette situation a un impact important sur l’immobilier de bureaux à Bruxelles, rapporte-t-on dans les pages du journal Le Soir.

Le marché actuel est très difficile, car il y a eu le lockdown, puis la crise économique qui s’annonce, et surtout les questions sans réponses dans le chef des occupants, qui ne peuvent avoir aucune visibilité du futur, sur combien de jours par semaine les employés vont rester télétravailler“, nous indique Pierre-Paul Verelst, Head of Research chez JLL, société spécialisée dans le conseil en immobilier d’entreprise, interrogé dans “Toujours + d’Actu“, ce vendredi, sur BX1+.

On connaît actuellement un vrai recul de l’activité liée à l’immobilier de bureaux. “L’immobilier est une affaire de long terme. La crise, on espère en être débarrassé le plus vite possible, même si on a sûrement encore pour quelques temps.  Mais dans l’immédiat, les grands occupants ont du mal à prendre des décisions.Certains planifiaient des déménagements, d’autres des transferts d’équipes dans des immeubles plus durables, verts, design, pour attirer les jeunes talents. À cause de la crise, ces décisions sont un peu au frigo“, explique Pierre-Paul Verelst.

Néanmoins, cela n’a pas empêché un certain nombre de transactions, mais “elles avaient été initiées bien avant la crise sanitaire“, précise l’économiste.

Quel impact sur les loyers ?

Pour l’instant, cette situation n’a pas eu d’impact sur les loyers, parce qu’on a une rareté d’immeubles de très bonne qualité, comme ceux du quartier européen, du centre-ville ou du quartier Nord. Pour ce type d’immeubles-là, sachant qu’ils sont peu nombreux, ils sont très demandés, et probablement qu’ils le seront encore plus après la crise, car ce sont les immeubles qui sont les plus accessibles par des transports en commun“, explique Pierre-Paul Verelst, “par contre des immeubles qui sont moins bien situés, ou moins neufs, ou moins beaux, ou moins efficients, et pour lesquels on perd beaucoup plus de temps sur la route, ces immeubles-là vont probablement beaucoup plus souffrir dans la valeur locative“.

Pour les bâtiments répondants à tous les critères recherchés actuellement, “les valeurs locatives vont rester au moins stables, voire même encore augmenter“, ajoute-t-il.

Vers la fin des open spaces ?

La crise sanitaire donnera-t-elle le coup de grâce aux grands open spaces, typiques des immeubles de bureaux ? “C’est un peu dur d’avoir une réponse claire. Les grands open spaces permettent beaucoup de flexibilité, et d’avoir de l’espace entre les employés. Pour l’instant, ils sont occupés seulement partiellement, il y a donc moyen de mettre 1.5m, 2m, 3m, entre les différents employés“, explique Pierre-Paul Verelst.

Par contre, ce qui est mort, c’est la réduction continue de la surface occupée par employé. En moyenne à Bruxelles, en Flandre, ou à Paris et d’autres grandes villes, pour une entreprise de type privée, on est à 12m² par employé. Il y a 20-25 ans, c’était facilement le double de cela, parce que les bureaux cloisonnés faisaient plus partie de la normalité que maintenant. Cette réduction qu’on a depuis une vingtaine d’années, elle va se stabiliser, voire un peu aller en sens inverse, pour tenir compte de la distance sanitaire“, conclut l’économiste.

 

Interview d’Arnaud Bruckner, dans Toujours + d’Actu