L’eye-tracking, un nouvel outil testé pour dépister l’autisme
Un groupe de recherche au sein du projet ACTE (Autisme en Contexte: Théorie et Expérience) de l’ULB travaille actuellement au développement d’un outil de dépistage de l’autisme qui devrait, selon les espoirs des chercheurs, permettre un dépistage plus large et efficace afin de poser un diagnostic le plus tôt possible.
L’outil est “en phase de test”, communique l’université bruxelloise jeudi. Sa particularité est de combiner des mesures du développement langagier de l’enfant avec la technologie de l'”eye-tracking”, à l’aide d’un oculomètre.
Cette technologie observe et mesure les mouvements de l’oeil, ici d’un enfant qui serait placé face à un écran. Le projet bénéficie de la collaboration de la société spécialisée Tobii Pro. Le but n’est pas de diagnostiquer ou non l’autisme, mais bien de dépister un possible trouble du spectre autistique, d’identifier les enfants à risque.
“Le diagnostic en lui-même, et c’est très important, est réalisé par une équipe multidisciplinaire, actuellement dans quatre centres de référence (pour la Wallonie et Bruxelles, NDLR). Mais notre ambition avec cet outil est d’élargir le dépistage qui précède, tout en le rendant plus efficace, ce qui devrait par exemple permettre de réduire les files d’attente dans ces centres et d’éviter le plus possible des cas de ‘faux positif’ ou ‘faux négatif'”, explique Mikhail Kissine, fondateur et directeur d’ACTE.
L'”outil” développé ne repose pas sur un matériel lourd, il consiste essentiellement en un logiciel que l’on peut imaginer voir utilisé à l’avenir par des pédiatres, par exemple. Ce dépistage facile et “objectif” présente aussi l’avantage, selon les chercheurs, d’éviter le stress et la subjectivité des questionnaires soumis aux parents, qui servent de nos jours de méthodes courantes de dépistage.
“Beaucoup jugent leur fiabilité insuffisante”, indique d’ailleurs le communiqué de l’ULB à ce propos. L’oculomètre “mesure où se pose le regard d’une personne et comment il se déplace dans une zone donnée”.
Il est beaucoup utilisé dans le monde de la recherche, mais beaucoup moins, actuellement, en médecine courante. Or, selon les mots de Mikhail Kissine, l’oeil est une “fenêtre” très intéressante sur les traitements cognitifs de l’information.
S’il est intéressant de diagnostiquer précocement, idéalement vers 3 ans, un enfant atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, c’est parce qu‘”entre 3 et 6 ans, énormément de choses se passent au niveau du développement de l’enfant, d’où l’importance d’une intervention ciblée à cette période-là”, ajoute-t-il.
La phase de tests actuelle doit encore durer plusieurs mois, et doit normalement être suivie d’une véritable campagne d’essais cliniques. Le projet coordonné par Fanny Stercq au sein d’ACTE bénéficie d’un financement de la Région wallonne (programme FIRST Spin Off) et de la Fondation Roger de Spoelberch.
Belga