Les travaux préparatoires à la restauration du Conservatoire de Bruxelles ont débuté

Le son des pioches et des aspirateurs a remplacé depuis lundi les notes s’échappant du Conservatoire royal de Bruxelles. L’élégant colosse s’apprête à faire peau neuve mais, avant que restauration ne rime avec modernisation, place à l’assainissement et au désamiantage, a annoncé mardi le maître d’ouvrage public bruxellois Beliris.

Plus de 150 ans après la pose de sa première pierre, le Conservatoire royal de Bruxelles et son institution sœur néerlandophone, le Koninklijk Conservatorium Brussel (KCB), se délestent d’une première couche de leur manteau poussiéreux. Le bâtiment qui abritait la bibliothèque, en particulier, se verra débarrassé de 1.500 m² au sol imprégnés d’amiante depuis les années 1950. Des interventions locales seront aussi effectuées sur des joints, des tuyaux de chauffage, le plafonnage ou des dalles de sol pour l’édifice qui abrite la salle de concert notamment. Prisé pendant des décennies pour ses caractéristiques isolante ou ignifuge, le matériau s’est révélé particulièrement nocif pour la santé une fois dégradé et inhalé. Depuis fin 2001, il est totalement interdit en Belgique.

Cependant, de nombreux bâtiments contiennent encore de l’amiante, car son élimination est coûteuse et technique. Le chantier s’opérera donc “principalement en zone hermétique, limitant au maximum les nuisances pour l’environnement et le voisinage (bruit, poussière, vibration)”, précise Beliris. Entre-temps, les quelque 1.200 élèves des deux conservatoires font leurs gammes dans des locaux d’accueil, sur le site de la rue du Chêne pour les étudiants francophones.

Le personnel administratif et la direction se sont, eux, installés rue Royale. La fin de ces travaux préparatoires (évalués à 320.000 euros) est prévue pour le printemps. Le grand chantier de rénovation devrait ensuite s’ouvrir en fin d’année, une marge de quelques mois ayant été dégagée pour faire face à d’éventuelles “surprises”.

Le Conservatoire royal de Bruxelles est né rue de la Régence à la fin du 19e siècle. L’édification du bâtiment principal est confiée à Jean-Pierre Cluysenaar, l’architecte des galeries royales Saint-Hubert notamment. Le projet comprend alors trois ailes disposées en U autour d’une cour d’honneur et les résidences du directeur et du secrétaire de l’école, érigées à l’angle du Petit Sablon. Au fil des ans, cinq hôtels particuliers (remontant pour certains au 17e siècle) de la rue aux Laines rejoignent l’ensemble. Plusieurs rénovations ont été effectuées au cours du 20e siècle pour remédier au manque de place et répondre aux besoins de cette double école.

Les nombreuses interventions ont peu à peu transformé l’ensemble en dédale assombri aux recoins insalubres. Ardemment réclamée, une rénovation est finalement mise sur les rails en 2018. Le projet est dévoilé quatre ans plus tard et doit permettre d’accueillir un nombre croissant d’étudiants belges et internationaux dans cet écrin classé. Dans cette perspective, un nouveau bâtiment viendra s’insérer à la place de l’ancienne bibliothèque, offrant entre autres deux salles de concert et des master classes. Allier l’ancien et le nouveau passera également par la restauration du prestigieux orgue de 1880. L’instrument façonné par Aristide Cavaillé-Coll, l’un des plus grands facteurs d’orgues du 19e siècle, a subi quelques mésaventures, dont sa transformation en instrument électrique en 1960. Le marché pour lui insuffler une nouvelle vie sera attribué d’ici la fin de l’année, selon Beliris. Cuivres et cordes devraient à nouveau résonner dans tout l’édifice en 2030, lors d’un concert d’inauguration.

Belga