Les prix de l’énergie explosent : voici les mesures d’aide envisagées en Belgique et chez nos voisins

Les prix de l’électricité, du gaz et de l’essence ne cessent d’augmenter ces dernières semaines. Tant en Belgique que dans le reste de l’Europe. Si nos voisins ont déjà lancé des solutions pour faire face à ces hausses, aucune piste n’est encore dégagée au niveau belge.

Les négociations autour de mesures d’aide pour faire face à la hausse des coûts de l’énergie n’ont toujours pas abouti au sein du gouvernement fédéral. Après un échec des discussions acté dans la nuit de mercredi à jeudi, les débats ont repris ce week-end avec l’espoir que des mesures puissent être annoncées dans la semaine. “Le signal doit être donné, et je suis certaine qu’il sera donné cette semaine, il en va de la crédibilité de ce gouvernement. Les propositions sont sur la table, nous devons avancer”, a confié la ministre fédérale des Pensions Karine Lalieux (PS) à l’antenne de La Première, ce lundi matin.

Plusieurs pistes sont sur la table : la prolongation du tarif social pour près d’un million de ménages jusqu’au 31 mars prochain, qui semble quasiment acquise ; une baisse forfaitaire de la facture d’électricité pour un montant d’une centaine d’euros ; la mise en place d’une TVA intelligente, soit une baisse de la TVA à 6% compensée par une hausse des accises quand le prix diminuera ; ou encore la mise en place d’un chèque énergie unitaire. Mais ces solutions sont toujours en négociations et il n’est pas certain que toutes soient acceptées.

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Le gaz et l’électricité plus chers en Belgique

La hausse des prix est pourtant bien une réalité : selon la Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz, les prix de l’électricité ont augmenté de plus de 50% en un an. Entre le 1er décembre 2020 et le 1er décembre 2021, la facture annuelle moyenne pour une consommation résidentielle de 3 500 kWh d’électricité est passée de moins de 900 euros à un peu moins de 1 400 euros. Il s’agit tout simplement de la hausse la plus forte dans l’ouest de l’Europe, derrière les Pays-Bas. La facture annuelle belge devient même, en moyenne, la plus élevée devant les Pays-Bas, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France.Prix Electricité CREG - Décembre 2020 à décembre 2021

Concernant le gaz, la hausse est encore plus forte : toujours entre le 1er décembre 2020 et le 1er décembre 2021, on est passé d’une moyenne annuelle pour une consommation résidentielle de 23 260 kWh/an de 1 050 euros à plus de 2 750 euros par an.

Prix Gaz CREG - Décembre 2020 à décembre 2021

Les prix des carburants s’envolent également. L’essence et le diesel sont passés à plus de 1,8 € le litre alors que le gasoil de chauffage coûte désormais plus de 87 centimes le litre, soit le plus haut tarif enregistré depuis 2013. La hausse est de 70% en un an.

Quelles solutions dans les pays limitrophes ?

Face à ces augmentations, les pays limitrophes de la Belgique ont déjà mis en place plusieurs dispositifs d’aide. En France, des chèques énergie sont déjà proposés aux personnes aux revenus moindres. Ces chèques sont d’une valeur de 48 à 277 euros par an selon les revenus. En prime, en automne dernier, le gouvernement français a proposé la distribution de chèques uniques de 100 euros pour les ménages les plus précarisés. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a également confirmé que l’idée d’un gel des prix des carburants est en cours d’analyse.

En Allemagne, le gouvernement a mis en place une baisse de la taxe sur l’électricité selon les revenus. Cette baisse est progressive et la taxe devrait être totalement supprimée d’ici à la fin de l’année, soit une économie de 294 euros en moyenne par an.

Aux Pays-Bas, le gouvernement démissionnaire de Mark Rutte a décidé cet automne d’une réduction fiscale sur les factures d’énergie et d’une réduction des tarifs sur l’électricité pour une baisse moyenne de 400 euros par an. En prime, le gouvernement a proposé une allocation unique de 200 euros pour les plus précarisés.

Des mesures bruxelloises

Si des solutions sont attendues au niveau fédéral, la ministre fédérale du Climat et de l’Environnement Zakia Khattabi (Ecolo) a proposé dans les colonnes de L’Écho, ce samedi, que l’effort soit également fourni par les Régions : “À travers les politiques de soutien à la rénovation et la fiscalité, les leviers régionaux existent alors que le débat est focalisé au niveau fédéral. L’urgence mériterait une réponse coordonnée et intégrée. Une discussion interfédérale pourrait amplifier les actions des uns et des autres”, dit-elle.

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Au sein du gouvernement bruxellois, diverses mesures, loin de l’urgence des discussions fédérales, sont prévues, nous confirme-t-on auprès du cabinet du ministre bruxellois de l’Énergie et de l’Action sociale Alain Maron (Ecolo). Un budget supplémentaire de 10 millions d’euros est débloqué pour aider les publics les plus précaires, notamment ceux touchés par des factures de régularisation. Le gouvernement a également demandé au régulateur de l’énergie Brugel d’organiser un groupe de travail avec toutes les parties prenantes pour accompagner les ménages touchés par ces hausses de prix.

Concernant l’électricité et le gaz, une ordonnance va être présentée en mars prochain concernant notamment le principe de fourniture garantie de l’énergie auprès de Sibelga, une automatisation partielle d’accès au statut de client protégé, une suppression du limiteur de puissance et une information plus claire aux clients. Sans oublier les plans sur le long terme de rénovation du bâti et de soutien à l’énergie renouvelable dans la capitale.

Grégory Ienco – Photo : illustration Belga/Eric Lalmand