Les incitants actuels ne suffisent pas pour rénover au mieux les logements bruxellois, selon Agoria
Rénover le bâti pour éviter les pertes d’énergie, c’est le grand objectif du gouvernement bruxellois pour 2050. L’objectif est que tous les logements bruxellois ne soient plus des passoires énergétiques d’ici cette date. Mais selon une étude dévoilée par Agoria, la fédération de l’industrie technologique, les incitants à la rénovation ne suffisent pas ou ne sont pas utilisés par les personnes ciblées.
On en avait parlé en septembre dernier lors des débats sur le blocage de l’indexation des loyers dans les passoires énergétiques : près de 65% des 250 000 logements qui disposent d’un certificat PEB à Bruxelles dévoilent des performances énergétiques E, F ou G. En outre, 70% des logements datent d’avant 1945… Il est donc nécessaire de les rénover pour éviter les pertes d’énergie, surtout en ces temps d’inflation. Mais cela représente un coût important.
Agoria, la fédération de l’industrie technologique, a commandé au professeur d’économie de l’environnement à l’université de Gand Johan Albrecht une étude dans sur la capacité de financement des propriétaires belges (et bruxellois) concernant la rénovation de leur logement. L’étude a été révélée ce mercredi par Le Soir et est aujourd’hui disponible sur le site d’Agoria.
La Région bruxelloise propose aujourd’hui des incitants comme des prêts verts, des primes et des réductions des frais d’enregistrement… mais aussi des obligations auprès des propriétaires, sur base de la performance énergétique du bâtiment, le fameux PEB.
► Lire aussi | Fusion des primes, demandes après travaux, financements : voici les changements de la prime Renolution
Selon l’étude, qui se base sur les rénovations menées en 2020, les mécanismes de l’époque étaient trop peu attractifs pour les propriétaires qui ont déjà les moyens de rénover, et ne représentaient pas un budget suffisant pour ceux qui n’ont pas les moyens. Le chercheur indique ainsi que les rénovations restent principalement financées sur fonds propres et de manière progressive.
46 500 euros en moyenne
L’étude pointe également le fait que le coût moyen pour rénover une habitation à Bruxelles est particulièrement élevé : 46 500 euros environ pour rénover son logement au niveau du PEB A. Un montant qui reste toutefois moindre par rapport à la Wallonie ou la Flandre. Cela s’explique notamment par le fait que les logements sont plus petits dans la capitale.
Selon Johan Albrecht, près de 60% des propriétaires actuels ont les capacités de réaliser ces travaux de rénovation en Région bruxelloise. Il indique en outre que les ménages qui ont ces capacités financières gagnent 2 800 euros net par mois ou plus.
► Lire aussi | Limiter l’indexation des loyers dans les bâtiments énergivores : 65% des logements bruxellois sont concernés
Cette étude intervient à un moment critique dans la politique bruxelloise autour de la rénovation des logements : d’ici 2033, tous les logements avec un PEB F ou G devraient disparaître, selon les objectifs du gouvernement. Comment donc y arriver ?
L’étude n’est pas optimiste : « Proposer des aides à la rénovation restreintes ou des prêts sans intérêt ne modifiera que peu, voire pas du tout la dynamique de rénovation », dit Johan Albrecht.
L’étude pointe aussi que les propriétaires sont moins enclins à rénover des biens loués et Agoria ajoute qu’il est important de mettre la pression sur les propriétaires, soit via un système de récompenses ou via des contraintes, comme la récente décision du blocage de l’indexation des loyers.
Du côté de la Région bruxelloise, le projet Renolution est toujours en cours avec une simplification du système de primes et de prêts, et des montants plus importants pour les financements. Plus de 45 millions d’euros ont été consacrés à ce programme en 2022 et ce montant devrait être augmenté en 2023 et en 2024, indique le gouvernement bruxellois. Le travail s’annonce donc encore long.
► Découvrez l’étude complète d’Agoria et Johan Albrecht.
■ Les explications de Grégory Ienco dans Le 12h30.