Les contrôles aux frontières trop souples à Brussels Airport, déplore un syndicat policier, la police fédérale dément

Le directeur de la police aéronautique à Brussels Airport a donné l’ordre d’assouplir les contrôles aux frontières lorsque l’affluence y est trop importante, a déploré samedi Joery Dehaes, secrétaire syndical ACV Politie (CSC Police).

L’article 9 du code frontières Schengen prévoit que les vérifications aux frontières extérieures puissent faire l’objet d’un assouplissement “en raison de circonstances exceptionnelles et imprévues”. Depuis cette semaine, le chef de la police aéroportuaire demande “avec insistance” au personnel d’appliquer cet article “en cas de nécessité, voire de manière préventive”, écrit samedi Het Nieuwsblad. Entre-temps, l’article 9 a déjà été appliqué une fois, a précisé le syndicaliste à Belga.

Concrètement, lorsque cet article est activé, la police aux frontières se limite à un contrôle visuel du passeport et à tamponner le document pour les vols en provenance de pays extérieurs à l’espace Schengen (qui comprend 29 pays, dont 25 membres de l’UE ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse). “Le passeport n’est donc pas scanné, ce qui signifie que la recherche de personnes signalées ne peut être effectuée”, a expliqué M. Dehaes. Or, “il est très fréquent que nos agents identifient de la sorte des individus qui tentent tout de même de pénétrer dans l’espace Schengen”. Pour le syndicaliste, les facteurs tels que le manque de personnel, un logiciel défaillant ou l’arrivée massive, en peu de temps, de passagers hors-Schengen ne tombent pas sous le coup de ces “circonstances exceptionnelles et imprévues”.

Si l’on peut se réjouir de la fréquentation importante de Brussels Airport, cette affluence “ne peut se jouer au détriment de la sécurité”, a-t-il insisté. Si c’est bien le directeur de la police aéroportuaire qui a donné l’ordre d’assouplir les contrôles, Joery Dehaes a précisé ne pas savoir si le commissaire général de la police fédérale ou le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin étaient au courant. Mi-mai, le ministre avait déclaré qu’il fallait s’attaquer aux files d’attente trop longues devant les postes de contrôle des passeports.

Sollicités par Belga, la police fédérale et le cabinet de Bernard Quintin n’étaient pas joignables samedi matin. L’assouplissement des contrôles aéroportuaires est parvenu aux oreilles du parti d’extrême-droite Vlaams Belang vendredi soir. La formation a indiqué qu’elle interpellerait mercredi le ministre MR à ce propos en commission de la Chambre.

La police fédérale dément tout assouplissement des contrôles aux frontières aéroportuaires

La police fédérale a démenti “avec force” samedi avoir ordonné tout assouplissement des contrôles aux frontières à l’aéroport de Zaventem. Selon le syndicat ACV Politie (CSC Police), une note a été transmise au personnel concerné pour réduire les contrôles en cas de forte affluence de passagers hors-Schengen aux frontières.

D’après cette note, dont s’est fait l’écho le journal Het Nieuwsblad, le chef de la police aéroportuaire demanderait “avec insistance” au personnel en charge des contrôles d’appliquer l’article 9 du code frontières Schengen “en cas de nécessité, voire de manière préventive”. Cet article prévoit que les vérifications aux frontières extérieures puissent faire l’objet d’un assouplissement “en raison de circonstances exceptionnelles et imprévues”. Cette “soi-disant note interne” ne vient “ni du directeur de la police aéronautique, ni du management”, a souligné la police fédérale auprès de Belga.

“En aucune manière elle n’a été mandatée ou soutenue par la hiérarchie. Nous analysons en interne quelle est l’origine de cette fausse information.” La police fédérale suit scrupuleusement le cadre légal défini, qu’elle a d’ailleurs encore récemment rappelé à ses agents chargés des contrôles, a ajouté son service presse. De son côté, le cabinet du ministre de l’Intérieur Bernard Quintin a affirmé avoir “donné instruction à la police d’effectuer dûment les contrôles aux frontières afin d’identifier les passagers qui entrent dans notre pays, pour des questions de sécurité et de lutte contre l’immigration illégale”.

Quant aux files d’attente jugées trop longues aux postes de contrôle, le cabinet présentera en début de semaine prochaine un plan destiné à renforcer les équipes et à réduire le temps d’attente, a-t-il promis.

Belga

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07 juin 2025 - 12h52
Modifié le 07 juin 2025 - 15h19