L’édito de Fabrice Grosfilley : voici les hotspots

Dans son édito de ce vendredi 29 mars, Fabrice Grosfilley revient sur les hotspots.

Voici donc les “hotspots”. Ces fameuses zones sensibles où les autorités ont décidé de donner un tour de vis. Au total, 15 quartiers, dans lesquels les contrôles d’identité vont devenir systématiques et, dans lesquels aussi, la police pourra procéder à la fouille des individus. Dans ces périmètres, la vente et la consommation d’alcool seront également interdites la nuit. La gestion de ces hotspots ne se veut pas uniquement répressive : des mesures de prévention et des mesures favorisant la vie de quartier suivront. Ce sont maintenant les bourgmestres qui mettront en place ces mesures au travers de Task-Force Locales.

Souvent critiqué pour son manque de coordination, même si tous les bourgmestres quelle que soit leur couleur politique assurent le contraire, Bruxelles va également se doter d’une Cellule de Sécurité Régionale. Elle sera chargée de veiller à l’exécution et au respect de ce plan par les Task-Force Locales et de veiller à la cohérence de l’ensemble. C’est la fonctionnaire dirigeant Brusafe, Sophie Lavaux, qui sera chargée de ce travail.

Nous ne sommes pas naïfs, nous savons bien que ces mesures ne suffiront pas à endiguer le trafic de drogue. Il est probable qu’une partie de ce marché criminel se déplace d’un quartier à un autre. Ou que les dealers adaptent leurs méthodes, avec des commandes via WhatsApp et des livraisons plus discrètes par exemple. La Région bruxelloise ne parviendra pas à elle seule à éradiquer le trafic. Elle pourra peut-être ramener un peu de paix dans les quartiers, ce qui serait déjà un beau succès. Cela doit être l’objectif prioritaire : faire en sorte que l’espace public ne soit plus confisqué par les trafiquants, que les habitants puissent y passer sans devoir baisser les yeux et presser le pas. Que le signal d’alarme lancé par les comités de quartier aboutissent à une réponse concrète. Il faut rendre Bruxelles vivable. Au pied des barres d’immeubles, dans les couloirs reculés des stations de métro, il est légitime que tout le monde puisse se sentir en sécurité.

Hier, le Conseil Régional de Sécurité a donc formellement pris des mesures destinées à devenir des arrêtés de police. Outre les hotspots, le ministre-président encadrera ou interdira le recours aux feux d’artifices, souvent utilisés comme arme contre les pompiers ou les policiers, ainsi que contre la consommation du protoxyde d’azote, le gaz hilarant. Si les autorités donnent l’impression d’avancer pas à pas, c’est qu’il faut dans ce genre de cas prendre les arrêtés, les publier, rédiger des circulaires, donner des consignes, et s’assurer à chaque fois que l’on reste dans la légalité. Cela prend du temps d’être dans l’action. C’est plus instantané quand on se contente de la communication.

Au passage, on soulignera la grande passivité du Conseil National de Sécurité qui s’est réuni avant-hier. Cette instance-là n’a finalement rien annoncé, ou pas grand-chose. Enfin, si, le CNS a annoncé les mesures que le Conseil Régional allait mettre en place, comme les hotspots. Une communication de coucou, vous savez cet oiseau qui squatte le nid des autres pour y pondre ses œufs sans avoir à les couver. On a donc entendu des membres du gouvernement fédéral, vanter des dispositifs… pour lesquels ils n’ont débloqué aucun moyen et pris aucune décision.

Soyons de bon compte, le ministre de la Justice annonce une mobilisation des services judiciaires. Des places ont également été réservées en centre fermé pour expulser les dealers en situation irrégulière arrêtés par la police. C’est au niveau de la police fédérale et de la ministre de l’Intérieur que la Région bruxelloise, telle sœur Anne, ne voit toujours rien venir.

Fabrice Grosfilley