L’édito de Fabrice Grosfilley : vivre par 50 degrés

Comment vivre en Belgique  avec des températures qui avoisinent régulièrement les 40 degrés ? Cette question pourrait être anecdotique, comme la vague de chaleur, qui traverse le pays aujourd’hui. En réalité c’est une question cruciale  car ces épisodes de fortes chaleur sont amenés à se répéter et même à s’amplifier dans les années à venir.

Cette après-midi à 16h il faisait  37,6 degrés à Uccle. On relevait aussi  37,2 à Chièvres en province du Hainaut et 38,3 à Diepenbeek en province du Limbourg (et à 16h la journée n’était pas finie) Ces températures prises de manières isolées, elles relèvent de l’anecdote. Qu’il fasse très chaud un jour en été, on peut évidemment vivre avec. En 1947, en 1976 on a aussi connu des journées très chaudes. Ce qui est en revanche extrêmement troublant c’est la répétition des épisodes de forte chaleur. Le journal le Soir publiait ce matin un graphique édifiant. Depuis 1994 nous sommes tous les étés au-dessus de la valeur de référence.  La valeur de référence c’est la moyenne des températures calculées sur trente ans entre 1960 et 1990. L’élévation des températures est bien une réalité. Pire, elle s’accélère et elle s’amplifie.

Ces températures supérieures à la moyenne ne sont pas sans conséquences. Sur la santé d’abord. Si les autorités et les médias insistent tant sur la nécessité de s’hydrater ces derniers jours c’est parce que l’on sait que ces fortes chaleurs sont une cause de mortalité supplémentaire. Chez les personnes âgées, pour les plus fragiles, ceux qui ont des difficultés respiratoires,  pour les sans domiciles fixes, les journées de  canicules entraînent à chaque fois des décès supplémentaires. Ce sera donc le cas cet été aussi, même s’il faudra quelques mois pour les chiffres en donnent la pleine mesure.

Autres conséquences sur la faune et la flore.  Il suffit de regarder vos animaux de compagnie ou les fleurs sur votre balcon pour comprendre l’étendue des dégâts. Face à la chaleur il faut de l’eau, beaucoup d’eau. Cela va affecter le rendement de l’agriculture. Dans les villes, nous avons tous dû aujourd’hui adapter notre manière de vivre. Chercher l’ombre, aménager nos horaires. Différer des activités qui demandent trop d’énergie. Même chose pour les entreprises et l’activité économique. A Bruxelles aujourd’hui, il a fallu interrompre la circulation des trams au pont Van Praet pour cause de dilatation des caténaires, des trains ont été annulés à la SNCB, des commerçants ont préféré ne pas ouvrir etc. On se rend très bien compte des complications que cette chaleur entraîne. Ce qui est économiquement supportable deux ou trois jours par an ne sera pas sans conséquence si cela doit se répéter plus souvent.

Le problème c’est que cela va se répéter. Se répéter et s’amplifier. C’est une conséquence inéluctable du réchauffement climatique. Ce matin le climatologue Jean-Pascal Van Ypersele annonçait également que d’ici quelques années les incendies de forêt tel qu’on les voit ces jours-ci en Espagne ou en France seraient possibles chez nous aussi. Et que si on n’arrive pas à stabiliser le réchauffement et que la température moyenne mondiale croît de 2 ou 3 degrés cela se traduira chez nous par des pointes à 50 degrés. 50 degrés. C’est la températures en journée dans le désert du Sahara. Sauf que la Belgique n’est pas un désert. Et qu’on aimerait bien que les générations qui nous suivent puissent encore y vivre.

L’Edito de Fabrice Grosfilley dans + d’Actu

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19 juillet 2022 - 18h18
Modifié le 19 juillet 2022 - 18h22